Je tiens ce film pour le meilleur des seventies. Oui vous avez bien lu, c'est bien cette décennie qui a vu l'avénement à Hollywood des grands réalisateurs tel Steven Spielberg, Brian de Palma, Francis Ford Coppola, Georges Lucas, Ridley Scott...Cette liste n'est évidemment pas exhaustive, et pourtant je persiste à penser que le film de Michael Cimino est le numéro 1 de cette période, voici pourquoi.
D'abord, on ne voit pas très bien le pourquoi de ce long mariage, célébré selon le rite orthodoxe, dans cette ville industrielle de Pennsylvanie. Lors du dernier tiers, on comprends : ce film ressemble à un roman russe. Touffu. Dense. Trois chapitres. L'Amérique d'"avant". L'Amérique d'"aprés". Avant et aprés le Vietnam, bien sûr, qui constitue le "pendant". Une heure pour chaque chapitre. Lorsque les rescapés de l'orage se rassemblent pour célébrer la mémoire de l'un deux, le " God bless America " qu'ils entonnent n'est pas un chant de conquête. Jambes en moins pour certains, illusions perdues pour tous, ils s'accrochent à leur terre comme l'unique planche de salut dans la nuit qu'ils traversent. Moments superbes : un copain que le héros ( De Niro ) recherche dans un Saigon en décomposition. Une femme qui pleure dans une arrière-boutique. Ou encore, lors des noces, deux gouttes de vins symbolisant le sang, annonciatrices du malheur, tombant, à l'insu de tous, sur le corsage de la mariée.
" Voyage au bout de l'enfer " demeure le meilleur film sur les traumatismes engendrées dans l'Amérique profonde par le conflit vietnamien. Le propos du film n'a pas vieilli, et on pourrait reprendre le script à la virgule près à propos de l'intervention américaine en Irak et de ses conséquences en profondeur sur la société américaine.
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