Avec ce premier film plus que prometteur, Sofia Coppola, fille de Francis, démontre que l'on peut très bien avoir été élevé dans le giron du génie cinématographique et donner naissance à une oeuvre qui ne doit rien à personne. The Virgin Suicides raconte une histoire de famille. Dans une petite ville anodine du Michigan, les cinq soeurs Lisbon, blondes, fraîches et saines, excitent les convoitises plus ou moins grivoises de tous les garçons du voisinage. Le contexte social (petite bourgeoisie), l'utilisation rétro de la bande musicale, l'atmosphère surannée dans laquelle se complait la photograhie...tout laisse d'abord redouter une de ces évocations nostalgiques et doucereuses de l'adolescence dont est coutumier le cinéma américain. Sauf que, par un art subtil du détournement, S. Coppola n'arbore la normalité la plus apparente que pour dévoiler un enfer familial délétère. Le suicide de Cecilia dès le premier quart d'heure du film ne laisse planer aucune ambiguïté sur les objectifs réels de l'opus. En lieu et place de la comédie acidulée pour teenagers, le film raconte une lente descente aux enfersoù, derrière les apparats de la morale traditionnelle, la famille Lisbon peine à camoufler une folie d'autant plus redoutable qu'elle est domestiquée. Ce film sans concession prouve que Sofia Coppola est d'ors et déjà une cinéaste talentueuse.
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