Ce "Kannibal" nous conte la vengeance d'un médecin légiste contre une famille de la mafia russe installée à Londres, suite à la mort de sa femme enceinte, tuée involontairement lors d'un casse organisé par cette même famille. Si ce pitch peut sembler banal, le traitement apporté par le réalisateur Richard Driscoll sort totalement de l'ordinaire, celui-ci nous livrant un film étrange, esthétisant et se souciant très peu de toute limpidité dans l'approche de son intrigue. En effet, le métrage additionne ses séquences, qui font régulièrement penser aux clips musicaux, de façon non linéaire, presque sous forme de sketches ultra-référentiels : l'assassin fait évidemment largement penser au Hannibal Lecter du "Silence des agneaux" dans son raffinement et sa façon de se délecter des entrailles cuisinées de ses victimes, mais également lors de la drôlissime scène finale ; l'interrogatoire rappelle "Basic instinct" ; mais plus étonnant on retrouve aussi lors d'une séquence très kitsch l'imagerie sado-maso nazie chère à la série des "Ilsa". Par ailleurs, le réalisateur dresse ici des portraits de personnages complètement dépravés sexuellement ( d'où des scènes érotiques régulières ), voir même fétichistes ; nous gratifie des quelques plans gores assez expansifs, mais finalement peu nombreux et se montre par instants gentiment irrévérencieux ( la crucifixion dans l'église ). L'humour présent dans le métrage est assez graveleux, mais atteint souvent son but. La mise en scène de Richard Driscoll utilise beaucoup d'artifices et d'effets de style, parfois inutiles, mais le découpage en plans courts donne au film un rythme soutenu, malgré une action saccadée. L'interprétation est convaincante, et on a le plaisir de retrouver deux "scream queens" du genre, Linnea Quigley ( mais si, la punkette strip-teaseuse du "Retour des morts-vivants" ), ainsi qu'Eileen Daly, toujours aussi perturbante depuis "Razor blade". Les effets spéciaux, donnant dans un gore par moments plutôt crade ( l'autopsie ), sont réussis et réalistes. Donc, même s'il peut rebuter par son aspect très spécial, ce "Kannibal" s'avère bien sympathique et déjanté !
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