Je tiens à préciser que je ne connais pas le comic dont est tiré le film, ma vision ne pourra donc tenir compte d'une adaptation plus ou moins réussie vis à vis de la BD.
La première chose qui frappe lorsque l'on regarde ce film pour la première fois, est la capacité de Francis Lawrence d'avoir su créer un univers assez unique. Dans Constantine le bien et le mal s'affrontent au milieu des hommes (qui constituent d'ailleurs des pions sur l'échiquier) à Los Angeles et John Constantine, expert en démonologie et revenu des enfers, tente de racheter sa place au paradis après avoir essayé de mettre fin à ses jours.
J'avais beaucoup de mal à m'imaginer Keanu Reeves dans un autre rôle que celui de Néo mais je dois bien admettre qu'il s'en sort plutôt honorablement dans ce film, car sans pour autant marque l'histoire du cinéma par son interprétation il est assez efficace. Rachel Weisz (La Momie, Stalingrad) joue les rôles de soeurs jumelles et réussit l'exploit de combiner une place essentielle dans l'histoire avec une grande passivité dans son jeu. Tilda Swinton est par contre impeccable dans le rôle de l'Archange Gabriel, chacune de ses apparitions est un vrai régal. Pruitt Taylor Vince est très convaincant dans l'habit du prêtre alcoolique visionnaire mais torturé par ce qu'il entend et voit. Peter Stormare (8MM, Minority Report) est quant à lui génial dans le rôle de Lucifer, sarcastique et méchant à souhait sans pour autant en faire trop et le résultat nous donne un face à face entre lui en Constantine à la fin du film de toute beauté. Petit bémol, Shia LaBeouf (I, Robot, Dumb and Dumberer), peu convainquant dans le rôle de Chias, assistant frustré de John Constantine qui donne une impression de petit singe savant.
J'ai quand même été très déçu de voir que le terrain de jeu entre les deux grandes entités était une ville américaine, comme si les américains avaient une totale impossibilité de s'imaginer qu'un évènement majeur puisse se dérouler en dehors de leur pays. Autre point négatif, on sent que le film a été un peu bousculé, il y a des passages qui ne sont pas expliqués dans l'histoire (pourquoi le collègue de Rachel Weisz se retrouve avec un bras dans le plâtre, que vient faire le démon qui attaque Constantine à la station service) et je pense que si une version Director's Cut nous est proposé un jour, elle se révélera sans doute indispensable pour avoir une vision complète du film. Enfin autre point négatif, la version française complètement ratée. J'avais eu la chance de voir la version belge ou canadienne lors de mon premier visionnage et les dialogues étaient bien mieux ficelés. D'abord l'emploi du terme de "trou du cul" pour qualifier les démons par Constantine donnait une image un peu méprisante de celui-ci vis à vis de ceux qu'il combattait, alors que dans la version française c'est le terme de "connard" qui a été retenu, donnant un sens plus vulgaire et moins sarcastique. Lorsque John Constantique invoque l'être caché (je ne vous dirai pas qui héhé), en joignant ses bras il criait "je t'évoque dans la lumière, je t'évoque dans la lumière" alors que dans la version française, cela devient "apparaît, apparaît" ce qui en soit est beaucoup moins accrocheur. La voix de Lucifer est également moins bonne, moins rauque, au final regardez la version originale ou achetez la version belge.
Néanmoins le résultat est bon et j'avoue m'être laissé prendre par cette histoire d'anges et de démons qui sans être simpliste, reste à la portée de tous. Francis Lawrence se permet même le luxe de (attention spoiler) faire faire à John un doigt d'honneur à Lucifer lorsqu'il est finalement accepté au paradis (fin du spoiler) cassant un peu ainsi avec l'attitude de sacralisation des icônes religieuses par Hollywood. Les dialogues également ("Dieu est un enfant qui joue avec une fourmilière") sont peu consensuels et c'est sans doute ce qui donne du crédit au film. Certes l'intrigue reste relativement facile à comprendre mais c'est par sa mise en scène que ce film vaut d'être vu surtout. Il faut bien avouer que ce film est une superbe carte postale néo-classique et nombreuses sont les images qui restent imprégnées dans l'esprit après le visionnage.
Lorsque l'on voit le foisonnement de films portant sur le fantastique-religieux ces dernières années tous pourris (Stigmata, à l'aube du 6 jour, etc) Constantine est certainement une bouffée d'oxygène qui renouvelle le genre. Il est certain que l'on pourra toujours dénigrer un genre surexploité par Hollywood, mais l'ensemble nous donne deux heures de vraie détente et après tout, n'est ce pas la raison première du cinéma ?
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