En France, dans le milieu des années 70, les tabous tombèrent un à un. De la réforme du divorce au droit à l'avortement, toutes ces actions de progrès social se firent grâce à un mouvement de fond largement international que l'on qualifiera à postériori de "grande libération sexuelle".
Le sexe s'expose, se vend, s'échange et aucun média quel qu'il soit ne pouvait se permettre de faire l'impasse sur ce phénomène.
Partant de ce principe, Georges Lautner décide alors de faire un film témoignage de cette époque un peu débridée où, déjà depuis quelques années il était "interdit d'interdire".
En nous contant l'histoire de cet homme contraint pour réussir dans le show-business à signer un pacte faustien avec un producteur de hardcore, le réalisateur jette un oeil largement caricatural sur la société qui l'entoure, celle qui voudrait que le physique prenne le pas sur les sentiments.
Grâce à Francis Weber qui signe ici le scénario, l'histoire nous présente des personnages hauts en couleurs avec un rythme assez enlevé dans le pur style des comédies françaises de l'époque. Toutefois, du point de vue de l'humour, le film de Lautner s'inscrit plus sur un registre critique (un peu comme les films de Jean Yanne de l'époque) que pur divertissement : son film dénonce plus qu'il ne montre et l'humour est plus au second degré, plus moqueur et plus grinçant.
Il n'était pas en effet aisé au départ de parler du cinéma pornographique sans tomber dans la pochade vulgaire : c'est tout le talent de Francis Weber qui en fin de compte utilise la vulgarité comme toile de fond pour finalement en dénoncer les travers et plus que la pornographie elle-même, ce que le film dénonce de façon virulente, c'est le commerce qui en fait et cette façon outrecuidante qu'il y a à banaliser les relations physiques sans sentiments.
Pour interpréter le film Lautner fait appel à Pierre Richard (l'incarnation du rêveur sentimental) et à Miou-Miou qui interprète un personnage fait de tendresse et de gentillesse qui a du mal à comprendre cette société qui l'entoure. A noter dans le film une scène magnifique où cette comédienne passe un casting de hard en lisant un passage de l'école des femmes, dévêtue : la scène, à la fois tragique et comique, est véritablement poignante en ce qu'elle incarne parfaitement la misère de ce cinéma peu inventif avec cette symbolique de la dégradation de la dignité humaine.
Le reste des acteurs est en tout point excellent : Jean-Pierre Marielle est "royal" dans le rôle du producteur de films porno tandis qu'on trouvera également l'équipe du splendid quasiment au complet (il n'y a que Lhermitte et Balasko que je n'ai pas vu).
La caricature est un art difficile : Georges Lautner exerce cet art avec talent et signe ici une excellente "déformation" de la société française de cette époque.
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