François Truffaut aimait les femmes et les enfants. Depuis ses premiers films, LES MISTONS - court-métrage - et LES 400 COUPS - premier long - sa carrière visite régulièrement le monde de l'enfance, et même lorsqu'il met en scène des adultes, on trouve toujours ici où là un enfant. C'est donc naturellement qu'il décida de leur consacrer un film entier, montrant les multiples aspects des premiers âges de la vie. On y assiste à la naissance, à travers le récit de l'institeur; à la première année, avec le petit Grégory, dont la chûte est devenue célèbre; à l'enfance maltraitée avec Julien; à la découverte de l'amour avec Patrick. Tous les visages rencontrés dans le film nous renvoient à une partie de notre propre enfance. Le scénario, très souple, a laissé une grande part à l'improvisation, et on rit beaucoup à la spontanéité des uns et des autres. Les deux personnages les plus développés, sans assombrir inutilement le film lui donnent un aspect plus grave. Le trouble de Patrick, devant la femme du coiffeur, hésitant entre le flirt et la recherche d'un amour maternel, est très beau. De même, la pudeur avec laquelle est traitée la souffrance de Julien est remarquable. Mais la légèreté et la gaité sont omniprésentes, et la chanson de Charles Trénet "Les Enfants s'ennuient le dimanche" berce le film avec mélancolie. Le tournage se déroula entièrement à Thiers, teintant le film d'une couleur provinciale. Mais loin d'enfermer le film dans une spécificité régionale, les enfants expriment à travers leurs différents histoires, même anecdotiques, l'universalité des épreuves auxquelles chacun d'entre nous a été soumis. Les spectateurs ne s'y sont pas trompés, lui reservant à sa sortie, un très joli succès de par le monde. En outre, quelques trente ans après, il témoigne de ce que fut la France d'alors, peu après 68. Comme VIVEMENT DIMANCHE!, son dernier film, lui aussi tourné à Thiers, L'ARGENT DE POCHE se termine sur le sourire de nombreux enfants.
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