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Un premier film est rarement un chef-d'oeuvre (sauf exceptions comme Tarantino avec "Reservoir dogs" ou Spielberg avec "Duel"). M. Night Shyamalan, cinéaste d'origine indienne, réalise avec "Sixième sens" (qu'il a également écrit) un des tous meilleurs films fantastiques de ces 20 dernières années. Il maîtrise parfaitement son sujet, chaque plan est extrêmement travaillé et le film nous entraine dans un suspense total jusqu'à une fin des plus étonnantes.
Le film commence par une scène glaçante dans laquelle on découvre le docteur Malcolm Crowe (Bruce Willis) et sa femme (Vanessa Williams) face à Donnie Walhberg (simplement époustouflant).
Puis on assiste à la confrontation entre Crowe et le personnage central du film, le jeune Cole Sear (Haley Joel Osment), que le pédiatre va suivre pour tenter de perçer son secret. Leurs rencontres vont donner lieu à des scènes sublimes, d'une grande douceur et empruntes d'une certaine retenue. Ces scènes sont d'une rare maîtrise et sont sublimées par la mise en scène du réalisateur, fluide, d'une grande beauté, aérienne, presque magique. Il donne à son récit une ambiance à la fois aérienne et inquiétante.
Le travail sur l'image est remarquable. En effet, Shyamalan insiste sur la couleur rouge tout au long du film (poignée de porte, vêtements, pilules, la tente dans la chambre de Cole...) alors que les autres couleurs sont volontairement affadies pour donner une ambiance "monochrome". Il a situé son histoire à Philadelphie, ville dont il est originaire, et fait une apparition en médecin, en hommage à ses parents, également médecins.
Le film alterne parfaitement les scènes intimistes (les rencontres Willis/Osment nous font comprendre que Willis représente pour le gosse le père qu'il n'a jamais eu) et calmes avec des scènes plus terrifiantes (je pense à la scène en classe avec l'instituteur ou bien la sublimissime scène de l'enterrement de la fillette avec la K7 vidéo). Le rythme du film est lent mais on est complètement immergé dans l'histoire.
L'interprétation est de tout premier ordre: Bruce Willis (pour moi le meilleur rôle de sa carrière) nous montre une autre facette de son talent (rien n'explose pour une fois!), à la fois sobre, touchant, sensible et tout en retenue. Mais sa formidable prestation est éclipsée par le fabuleux Haley Joel Osment (vu précédemment dans "Forrest Gump" puis dans "Un monde meilleur" et "A.I.") dont le jeu d'acteur doit faire envie à certains comédiens adultes! Il est tout simplement bluffant. Notons également la prestation inoubliable de Toni Collette, à mille lieues de son rôle dans "Muriel".
Grâce à ce film, Shyamalan frappe fort et rentre dans la cour des grands. La suite de sa filmographie (Incassable, Signes et bientôt Le village) nous montre bien qu'un nouveau réalisateur de génie est en train de naitre.
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