Lorsque l'on découvre qu'une séquelle d'un film de genre est réalisée par Anthony Hickox, on est en droit de craindre le pire. Et pour cause: Warlock 2, Prince Vaillant, Full Eclipse... les mauvaises langues vont jusqu'à dire que ce nom n'est autre que le pseudonyme qu'emploie David Twohy quand il a honte de signer ses œuvres. Dès lors, d'un point de vue artistique on sait à quoi s'attendre, et on n'est pas déçu: des anachronismes aberrants au milieu de, bien inutiles, cauchemars de guerres, une facilité effrayante pour faire resurgir notre Pinhead, un humour au ras des mines antipersonnel -eh oui, quand on écrit sur internet on prend le risque d'être lu un peu partout sur le globe, je pense ainsi aux pays où il n'y a pas de pâquerettes- et surtout, une confondante délicatesse dans certaines allusions (imaginez la réplique suivante d'une bimbo en peignoir à la donzelle qui vient de l'héberger pour la nuit: "-C'est la première fois que je prépare le petit dej', je perds ma virginité!"; par la suite, celle-ci dégustera langoureusement une sucette au bout rouge en bikini devant la télé... cochons, à vos braguettes!). Cette fois on se dit que , tant Hickox que ses scénaristes, en l'occurrence Tony Randel et Peter Atkins, se sont surpassés pour remporter le beauf d'or 1992 du cinéma fantastique .
Plus grave pour les aficionados de la série, toute l'esthétique S-M des personnages imaginés par Barker est cédée au profit de l'avènement de Pinhead comme nouveau chef de file des croque-mitaines de série B. D'ailleurs, l'essentiel de l'histoire est consacré à la genèse de ce personnage dont la new attitude, basée sur une repartie de potache, le reclasse malheureusement au niveau d'un sous-Freddy plus qu'il ne l'élève à celui d'une réelle sommité du slasher.
Vous aurez compris l'intérêt que peut susciter ce film au cinéphile de base. Cette sollicitude pouvant à ce propos très bien s'énoncer de la manière dont l'héroïne du film conclue un reportage télé qu'elle vient de réaliser: "-Je suis très embêtée: pas d'histoire, rien à vous dire... coupez, c'est le bide!". En outre, pour savourer un peu plus ce néant artistique je conseille de le visionner dans sa version française, tellement littérale et approximative qu'on en arriverait à croire qu'elle fut confectionnée par Jacques Delors (un exemple: high school traduit par grande école).
Cependant, si contrairement à ses deux prédécesseurs, le film n'a rien dire, il pourrait constituer un acceptable divertissement pour l'amateur de film d'horreur qui cherche à perdre une heure et demie. Car si Hickox n'est pas un auteur, il peut se révéler un très décent technicien (la scène de boucherie dans le night club ou l'intrusion de Pinhead dans l'église sont même plutôt réussies). De plus, les effets spéciaux de Bob Keen sont relativement savoureux et les nouveaux cénobites, camera ou platine CD dans la tronche, n'auraient pas été reniés par la Troma.
Bref, une série B stéréotypées comme il en existe des milliers; un film qui s'oublie le temps du générique de fin.
PS: Les fans de Hard US apprécieront l'apparition du groupe Armored Saints au milieu du film ainsi qu'une bande-son bien supérieure à la production elle-même.
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