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Titre
:
Stupeur et tremblements
Version :
Française
Auteur de la critique :
Hotkiller
Date de la critique :
31/10/2003
Cette critique a été
visitée
1303 fois.
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Editeur : StudioCanal Année de sortie au cinéma : 2003 Date de sortie du DVD : 21/10/2003 Durée du film : 107 minutes
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Résumé :
Amélie, une jeune femme belge, vient de terminer ses études universitaires. Sa connaissance parfaite du japonais, langue qu'elle maîtrise pour y avoir vécu étant plus jeune, lui permet de décrocher un contrat d'un an dans une prestigieuse entreprise de l'empire du soleil levant, la compagnie Yumimoto. Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, précise et méthodique, la jeune femme l'est d'autant plus par sa supérieure directe, l'intrigante et fière Mademoiselle Mori.
Pourtant, Amélie va rapidement déchanter à la découverte d'une culture qu'elle ne connaît absolument pas. Ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations de ses supérieurs. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Jusqu'à être mutée dans les toilettes.
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Avis
Artistique |
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Avis
sur le film : |
(9.5/10) |
Adaptation du roman autobiographique d'Amelie Nothomb, Stupeur et Tremblements nous fait découvrir un autre monde, une autre façon de penser ou de concevoir les choses : celle de l'Orient et plus précisément du Japon.
L'adaptation du roman réalisée par ce grand réalisateur français qu'est Alain Corneau est une véritable réussite. En effet, en nous narrant l'histoire vraie de cette jeune belge recrutée dans une énorme entreprise japonaise en tant qu'interprète et qui n'aura de cesse que de descendre les échelons de la vie professionnelle, Alain Corneau ne pose pas un oeil extérieur sur le Japon mais le filme plutôt de l'intérieur.
Le film, et plus largement le livre original d'Amélie Nothomb est un témoignage sur un mode de conception de la vie et des rapports de travail absolument étourdissant : le spectateur suit donc l'itinéraire d'Amélie qui, en tant que femme recrutée dans une entreprise japonaise, devra se plier à tous les caprices de ses supérieurs hiérarchiques et plus particulièrement Melle Mori dont elle dépend directement. Au fur et à mesure des tâches les plus banales qu'Amélie va accomplir (servir café et thé, mettre à jour les calendriers sur les bureaux), on comprend mieux la psychologie du travail à la japonaise qui tient en peu de mots : la négation pure et simple de l'individualité au profit du collectif dénommé "Entreprise". L'individu en tant que tel n'existe pas et n'a d'ailleurs pas vocation à exister. Il est un maillon, un engrenage dans une machine ultra-huilée et dont paradoxalement, même si elle lui aspire sa personnalité demeure, pour n'importe quel travailleur japonais, sa raison de vivre. Pas facile même pour un esprit occidental né au Japon (Emilie Nothomb a vécu les 5 premières années de sa vie au Japon) de s'en accomoder. C'est pourquoi devant les reflexes innés occidentaux d'Amélie (tenter de se rapprocher de ses collègues, tenter d'expliquer sereinement la vérité face à un supérieur qui n'écoute que sa colère...), ses supérieurs auront un malin plaisir à lui faire comprendre la bassesse de sa situation. Mais attention la violence du film ne réside pas dans le traitement réservé à Amélie, mais plutôt dans cette conception japonaise (mais également européenne je pense) qu'Occident et Orient n'ont rien en commun; qu'un cerveau occidental n'est pas capable de comprendre et encore moins de communiquer avec un cerveau japonais. Une scène assez drôle du film est tout à fait révélatrice : devant les echecs constants d'Amélie à exécuter des calculs comptables (alors qu'elle fut recrutée en tant qu'interprète...!) sa supérieure vient légitiment à douter de ses facultés mentales et lui demande : "Sont-ils tous comme vous en Belgique ?". Réponse d'Amélie : "Non il n'y a que moi qui suis comme ça !".
Alain Corneau filme donc le Japon des paradoxes : Japon moderne, producteur de haute technologie et capitaliste, mais toujours Japon ancestral, rempli de rites et de codes parfois désuets ou aberrants. On comprend mieux dès lors le mal-être et le mal de vivre profond des salariés japonais, tiraillés qu'ils sont entre des impératifs de productivité et le respect de leurs règles ancestrales de vie.
En marge du scénario et de l'histoire proprement dite, il faut tirer un grand coup de chapeau à l'actrice française Sylvie Testud (Les blessures assassines) dont la performance est en tout point remarquable, notamment dans sa maîtrise de la langue japonaise (bien qu'elle ne le parle pas) qui ne vient gâcher en rien son jeu d'actrice empreint de naïveté et de sincérité touchantes.
Un film qui est un témoignage de vie, un regard sur une autre civilisation où l'on comprend véritablement les motivations de cette jeune européenne qui, en acceptant les pires humiliations morales partait sans doute à la recherche du Japon qu'elle avait connu dans son enfance et qu'elle ne retrouvera sans doute jamais.
Amélie passera les 7 derniers mois de son contrat de travail à nettoyer les toilettes de l'étage où elle était employée. Elle décidera humblement "malgré les multiples occasions que l'Entreprise lui a données de prouver son talent" de ne pas renouveler son contrat. Elle reviendra en Belgique et se lancera dans l'écriture...
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Commentaires concernant cette critique
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- le 19/12/2004 à 19:18 par Le Haricot Masqué : Je crains helas que l'enthousiasme de notre ami HotKiller ne cache la verite de cette oeuvre: elle repose sur une connaissance fausse du Japon, ceux qui sont communs de ce pays n'ont cesse de le repeter depuis la sortie du roman puis du film. A prendre donc comme une oeuvre DE FICTION et non comme un documentaire sur ce qu'est le Japon, qui est infiniment autre que ce qu'en a presente Amelie Nothomb.
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