Spécialiste des polars de bonne facture (Police Python 357, Le Choix des Armes...), Alain Corneau nous propose à nouveau dans cette production franco-canadienne de retrouver Yves Montand, son acteur fétiche. Le scénario est simple : Henri Savin, amoureux de Julie (Carole Laure) décide de couper court à son actuelle relation avec Dominique (Marie Dubois). Ivre de douleur, celle-ci s'en prend physiquement à Julie avant de se suicider. Mais tous les indices semblent accuser Julie. Pour la sauver, Henri accumulera les preuves contre lui. Son plan, s'il réussit, devrait normalement permettre aux deux amants de s'enfuir au Canada...
Ce film, même s'il n'est pas le plus connu de Corneau, ni même d'Yves Montand d'ailleurs, n'en est pas moins un excellent film policier (et un drame également). Plusieurs éléments sont astucieusement disséminés tout au long du film pour accroitre la tension dramatique voulue par le réalisateur. Un peu à la manière du rôle qu'il tenait dans Police Python 357, Yves Montand incarne un personnage qui va dramatiquement voir sa vie s'emballer sans pouvoir maîtriser les éléments qui l'entourent. Après le suicide de son ex-maîtresse, il se voit obliger d'abord d'improviser tout en restant sur la corde raide face aux investigations du Commissaire chargé de l'enquête (l'excellent Jean-François Balmer). Puis dans la seconde partie du film, le personnage d'Yves Montand commence à reprendre ses esprits : sa maîtresse est incarcérée et il se voit dans l'obligation de trouver une mise en scène lui permettant de la sortir de cette situation. L'intérêt du film réside dans le fait que le spectateur reste légèrement perdu à un moment du film : on a en effet un peu de mal à voir où veut en venir le héros du film : pourquoi trafiquer cette horloge à l'entrée de son entreprise, pourquoi cette fuite au Canada (alors que sa maîtresse est toujours emprisonnée en France), pourquoi se faire passer pour un chauffeur routier ? Puis dans un second temps, tous ces éléments d'un puzzle vont se mettre logiquement et implacablement en ordre : le plan génial et limpide élaboré par Henri Savin se révèle aux yeux du spectateur. Mais... parce qu'il y a toujours un "Mais", et parce qu'Alain Corneau ne sait pas faire des films qui finissent bien (ce n'est pas une critique loin de là !), la mécanique ingénieuse (machiavélique ?) élaborée par le personnage d'Yves Montand va se dérègler au point de se retourner contre lui-même. Le final du film est éblouissant et réussit à mettre le spectateur comme seul détenteur de ce qui se sera vraiment passé. Un scénario béton, filmé de façon classique et qui permet de passer une très bonne soirée.
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