Ce film est une nouvelle version, américaine, d’un énorme succès japonais « Ringu » (1998) de Heido Nakata. Précisons-le d’entrée, le film de Gore Verbinski est une bonne surprise car il soutient la comparaison avec l’original. Sans doute parce qu’il est plus adapté au goût culturel occidental, mais aussi parce que Verbinski propose une réalisation soignée qui sait « faire peur » et constitue, en définitive, une réussite.
On connaît le thème : une cassette video, une fois visionnée, est suivie d’un appel téléphonique qui annonce la mort dans les sept jours. Exposé dès les premières minutes (et de quelle façon !!), le propos du film apparaît d’abord comme une simple rumeur, puis se transforme insensiblement en cauchemar avant de devenir brutale réalité.
Le réalisateur fait reposer le film, pour l’essentiel, sur deux personnages : Rachel (une Naomi Watts convaincante), mère d’un petit garçon, Noah (l’enfant Martin Henderson est étonnant de présence), qu’il met en danger immédiatement après la séquence d’exposition. Le spectateur n’a de cesse, dès lors, de s’identifier totalement à l’héroïne, à son fils et à leur destin. Le second intérêt du récit est, bien sûr, de découvrir quel mystère est à l’origine de ces étranges phénomènes. L’énigme se dévoile peu à peu mais le dénouement du récit n’en est pas pour autant rassurant !
L’enquête que mène Rachel, nécessaire à sa survie et à celle de son fils, la conduit en des lieux toujours surprenants (immeuble de verre et d’acier, motel isolé, île embrumée, maison de cauchemar) et lui fait croiser des personnages particuliers (gérant du motel, père de son enfant, employé d’hôpital, père et mère de Samara).
Surtout, Gore Verbinski s’attache avec succès à créer une atmosphère particulièrement prenante parce que dérangeante et malsaine en multipliant les signes du mystère (visages déformés dans les miroirs, photos rayées de traits noirs, dessins symboliques de Noah, figures géométriques récurrentes, etc.) qui se retrouvent progressivement dans la réalité. Il leur ajoute une réalisation inventive grâce à un regard camera insolite (plongées, contre plongées, gros plans ou plans d’ensemble), à des mouvements de camera soignés (effets de zoom inattendus) ou à des plans fixes d’eau qui sourd du plancher, d’arbre isolé sur une colline rase. Une séquence magnifique par son imprévisibilité, sa fureur, sa beauté et la peur qu’elle fait naître se situe au centre du film et nous plonge d’ailleurs quelques minutes dans l’effroi onirique du pur fantastique. Le travail sur les couleurs contribue à rendre le climat du film oppressant : couleurs chaudes du quotidien transformées en couleurs métalliques de l’inquiétude puis en couleurs dessaturées, voire en gris uniforme, sous la pluie et la brume de l’île « mystérieuse » ; et couleur vive de l’arbre ensanglanté. Cependant que la piste sonore privilégie les basses pour souligner les effets ou met, à l’inverse, l’accent sur le silence qui restitue alors les bruits ambiants tout aussi inquiétants.
L’ensemble est conduit avec efficacité : à aucun moment l’action ne se ralentit et la recherche de Rachel se fait dans l’urgence et la précipitation. Cette impression de rythme oppressant est renforcée par la mention à l’écran des jours qui passent : du jeudi initial au jeudi final, les sept jours annoncés se déroulent implacablement selon une véritable course poursuite… après le temps !
En définitive, un film fantastique à apprécier.
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