John Nada n'est rien d'autre qu'un "laissez pour compte" de la société américaine, un simple "worker" allant d'état en état à la recherche de petits boulots. Mais John Nada croit encore aux valeurs qui ont fait l'Amérique, croit encore à cette possibilité de se faire une place au soleil à force de travail et de courage. Il va cependant découvrir très vite que la vision de la société américaine qui s'offre à ses yeux n'est qu'une sorte de "matrice" gouvernée par des aliens "cultivant" la Terre tout en aliénant la race humaine.
John Carpenter en cinéaste "réac" et anti-reagan signe ici l'un de ses plus beaux pamphlets contre la société américaine. En décrivant le parcours d'un héros qui peu à peu va percevoir les messages subliminaux de la société qui l'entoure, Carpenter dénonce et attaque violemment tout ce qui fait la force du capitalisme triomphant à la Reagan : consumérisme à outrance, "endormissement" des masses, moralité puritaine... Et petit à petit, son film bascule dans l'horreur : non pas une horreur gore, mais une horreur plus intellectuelle et plus violente car elle est signification de l'annihilation de toute forme de pensée ou de respect d'autrui. Par ailleurs, le film nous donne la possibilité de voir encore des thèmes chers à Carpenter : la lutte d'un héros contre le monde qui l'entoure, le héros piégé dans un cul de sac... autant de thèmes déjà traités par Carpenter mais toujours aussi bien maitrisés. Signalons également une belle scène de bagarre de rue entre le héros et son pote (qui refuse de voir la vraie réalité) et qui reste l'une des bagarres les plus longues du cinéma tout en restant hyper réaliste.
Un grand, très grand film de Mr. John. Respect.
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