Michel Blanc adapte, comme base de scénario, un roman anglais de Joseph Connoly (« Vacances anglaises »). Son film se déroule durant une semaine de vacances au cours de laquelle se croisent les existences d’une bonne douzaine de personnages qui se connaissent déjà ou vont se rencontrer. Et il s’agit là d’une distribution de choix : qu’on en juge ! Deux couples amis (Jacques Dutronc/Charlotte Rampling et Denis Podalydès/Karin Viard) ; leurs enfants (Lou Doillon et Gaspard Ulliel) ; un employé (Sami Bouajila) ; une amie (Clothilde Coureau) ; un couple de rencontre (Michel Blanc/Carole Bouquet) ; un séducteur de vacances (Vincent Elbaz) ; un frère et une sœur ; et quelques personnages secondaires encore.
A la manière d’un Robert Altman dans « Nashville », Michel Blanc brasse cette population hétérogène en une mise en scène percutante qui fait la part belle à la brièveté et à l’alternance rapide des séquences, à l’échange systématique de courts dialogues, au passage fréquent d’un groupe de personnages à l’autre. Le tout étant ponctué de phrases qui font souvent mouche.
S’il est un mot-clé du film, c’est donc bien celui de diversité. En effet, le film se déroule selon trois lieux géographiques : Paris, Le Touquet et Chicago. Par ailleurs, il suit, comme on l’a vu, de nombreux personnages issus de classes sociales bien différentes : bourgeois aisés, employé modeste et couple dans une situation précaire. Il offre, enfin, un échelon complet des classes d’âge (de l’adolescence à la cinquantaine). Autrement dit, c’est un échantillon assez fidèle de la société que Michel Blanc, tel un entomologiste, observe et décrit.
Une dernière séquence finale réunit tout ce petit monde lors d’une réception et dénoue les situations. Mais le thème de « la fin heureuse » n’est pas de mise : chacun se retrouve face à ses échecs et à un avenir grisâtre. Cette réunion sert en effet de point d’orgue au regard pessimiste que porte Michel blanc sur ses semblables et sur une société où l’on se croise sans se comprendre, où l’on profite de l’autre sans vergogne, où l’on s’aime par erreur, où l’on s’accommode des petites lâchetés et des mensonges quotidiens, où l’on rêve d’un ailleurs qui reste inaccessible faute de le vouloir –ou de le pouvoir- vraiment.
Voilà, sur le mal de vivre d’aujourd’hui, une comédie féroce où l’on rit… jaune ! Entrez donc dans la ronde et "Embrassez qui vous voudrez"...
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