Alien: Resurrection aurait pu être magistral. Mais il ne l'est malheuresement pas.
Le pari de faire renaître Ripley avec son protégé était risqué. Force est de constater que si on ne se pose pas trop de question, l'exégèse révélée furtivement permet de s'immerger dans le film et d'y croire à nouveau. De plus, débuter le film par la rennaissance d'un personnage permet d'aborder (superficiellement) des thèmes tel que la morale éthique du clonage et l'animalité de l'Homme... ou plutôt de la femme. Car si Ripley renaît, ce n'est pas la même et ca se voit. Sigourney Weaver est glaciale, indifférente et maintenant quasi-invicible. Je trouve sa performance plutôt décevante. J'admet que cela rend le personnage de Ripley extremement ambiguë mais je n'apprécie pas particulièrement.
Ensuite, Jean-Pierre Jeunet introduit un nouveau concept dans la saga Alien: l'humour... décalé qui plus est. Or, le but d'un Alien n'est-il pas de faire peur et non de faire rire ?
A part ces défauts rédhibitoires, on peut féliciter Jeunet pour son esthétique phénomale (superbe photo de Darius Khondji) et son sens de la mise en scène - même si parfois trop typée rappellant entre autre Amélie. Il réussit à faire cohabiter des conceptions spéculatives avec quelques scènes d'actions et répliques mémorables.
L'introduction du personnage de Call, interprété par une Wynona Ryder plus humaine qu'un humain, permet aussi d'aborder une métaphore sur la vie tel qu'on a pu en voir dans la très fameuse animation de Mamoru Oshii tout en priviligiant l'action, presque à la hauteur d'un Aliens. La scène finale avec le "petit fils" de Ripley est aussi monstrueuse... ce n'est d'ailleurs pas la séquence qui est monstrueuse mais bel et bien l'Alien en question qui est totalement baclé. La marionette hybride de Jeunet a perdu la classe, l'émanation de la créature original... C'est dommage vu que l'idée, scénaristiquement parlant, est excellent. Espérons que le réalisateur d'un hypothétique Alien 5 fasse l'impasse sur ce ratage esthétique.
En conclusion, Alien: Resurrection est un très bon film. Peut-être ne s'appellerait-il pas Alien qu'il serait un chef d'oeuvre de la science-fiction. Mais on reste sur sa faim, sur un sentiment mitigé. Même si il n'est pas l'oeuvre essentiel de cette mythique saga, quelques idées le haussent à la hauteur des autres épisodes. Mais d'un coté, il est trop différent, trop décalé pour être un Alien. La cohérence est toujours là mais la continuité, la fluidité du récit par rapport aux opus précédent a disparu, Ripley est différente. Sa dernière réplique du film: "I'm a stranger here, myself." confirme ce sentiment...
Alien: Resurrection termine étrangement cette - éphémère - tétralogie, qui est, chose rare pour être signalée, artistiquement plutôt uniforme (suivez mon regard).
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