Non Caligula n'est pas qu'un film "de boules" avec les décors de Ben-Hur...!
Né dans l'esprit fou du directeur de la revue de charme américaine Penthouse, Bob Guccione, ce film qui a quand même plus de 20 ans reste toujours aussi choquant, troublant et puissamment érotique. L'histoire qui nous raconte une période de l'empire romain à l'aube de sa décadence met en scène le jeune César Caligula, aimé du peuple et détesté du Sénat romain. Ses goûts exacerbés pour le sexe et la violence précipiteront sa chute.
Réalisé par Tinto Brass (véritable obsédé sexuel du cinéma italien), le film bénéficie de tous les traitements de faveur d'une énorme production hollywoodienne : casting éclatant, décors somptueux, musique épique... Outre l'aspect sulfureux et pornographique du film sur certaines scènes, le réalisateur se livre également à une intéressante reflexion sur le pouvoir : le pouvoir absolu rend-il fou ? Cette volonté du réalisateur est d'ailleurs assez bien rendue par le scénario : Caligula va multiplier les exactions à l'encontre des responsables de son armée, du Sénat, en attendant de voir leurs réactions. Se considérant comme un Dieu il ne peut mourir et se place au-dessus du peuple qui l'admire. Une réplique du film est assez intéressante à ce propos : parlant du Sénat, il déclare : "Qu'importe qu'ils me respectent, pourvu qu'ils me craignent !".
Le casting réuni autour de ce film est de tout premier ordre et, pour les premiers rôles, est issu de la Royal British Academy of Theatre, rien de moins (l'équivalent de notre Comédie Française) : Malcolm Mc Dowell campe un Caligua au regard halluciné et fasciné par la mort absolument magnifique; Peter O'Toole, en empereur Tibère rongé par la syphilis casse véritablement son image de Lawrence d'Arabie au regard bleu azur; Helen Mirren (qui a récemment joué dans le film de Sean Penn - The Pledge) joue le rôle de Caesonia, femme de Caligula, à la fois dévoyée et calculatrice ; Sir John Gielgud interpète le rôle du Sénateur Nerva qui préfèrera se suicider plutôt que d'assister à la lente déliquescence de la grandeur de Rome.
Un film grandiose, présenté dans sa version intégrale de 2h28 (une copie de 3 h avait été réalisé mais n'a jamais été exploitée) à réserver, comme le veulent les convenances, "à un public averti", mais qui reste un monument du cinéma ne serait-ce que par l'excellence de l'interprétation et les nombreuses scènes aujourd'hui cultes (Caligula au lit avec son cheval, le mariage de Proculus, le gigantesque bordel impérial).
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