Artus de Penguern propose un film irrésistible placé sous le signe du burlesque. Dès le récit de l’enfance du personnage –qui n’est pas sans rappeler celle d’Amélie Poulain- placée sous le signe du cocasse et de l’humour noir, le ton est donné.
Prenant comme fil conducteur un rendez-vous amoureux entre son personnage d’employé et la jeune fille de son cœur (Odile), le réalisateur n’a de cesse de multiplier les imprévus tous plus insolites et loufoques les uns que les autres, afin de retarder le moment des retrouvailles avec sa chère Odile. Croisant sur sa route, qui l’éloigne de sa dulcinée –alors qu’il veut la rejoindre-, des individus particulièrement étranges, délirants, extravagants, déments, voire patibulaires, Grégoire Moulin est le jouet d’un destin qui s’acharne contre lui.
Artus de Penguern organise une irrésistible course nocturne contre le temps qui semble perdue d’avance pour son héros et qui l’entraîne dans les lieux les plus rocambolesques assorties aux personnages qu’il rencontre et dont il ne peut se défaire sans dommages. C’est d’ailleurs l’un des points forts du film : chaque rencontre lui fait découvrir de nouveaux personnages qui s’ajoutent les uns aux autres et qu’il retrouve de façon récurrente jusqu’à une scène ultime des plus délirantes, véritable holocauste qui marque une première fin du cauchemar.
A mi-chemin entre Buster Keaton et Pierre Etaix, le réalisateur-acteur nous offre un film rare à découvrir, qui n’est d’ailleurs pas sans subtilité. En effet, le nom même de « Grégoire Moulin » évoque phonétiquement celui de « Amélie Poulain » et les destins des deux personnages sont tout en contrastes : « fabuleux destin » pour l’une à qui tout finit par sourire car "l'humanité" qui l'entoure est plutôt sympathique ; « humanité contre Moulin » pour l’autre qui subit les pires horreurs de la part des autres car "l'humanité" qu'il croise est très antipathique. Un second point commun aux deux films réside dans le fait que Artus de Penguern a interprété le rôle de l’écrivain dans le film de Jeunet et qu’il est Grégoire Moulin dans son propre film.
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