De prime abord, il convient de s'intéresser au moment de la production de Matalo : le film a été réalisé en 1970. 1968 et les libertés de tous ordres sont donc passés par là. Et ça se ressent largement au niveau de ce western qui est tout sauf conventionnel. Alors on peut se douter que l'on va avoir affaire à un western différent du cinéma américain puisque l'on se situe dans le western "spaghetti". Mais la surprise est encore plus grande que ce à quoi on peut s'attendre.
Le réalisateur Cesare Canevari livre une oeuvre quasi unique. On peut se demander s'il ne l'a pas faite sous ecstasy, tellement le film part complètement en vrille tant sur le fond que sur la forme. Au niveau du fond, le film frôle en permanence avec le fantastique, avec ces malfrats qui ont pris refuge dans une ville fantôme. Sur la forme, alors là le réalisateur s'adonne aux délires les plus fous : les cadrages sont très particuliers (et renforcent le côté fantastique par moments) ; il y a des gros plans sur les personnages ; les images paraissent bancales par moments. Quant au son, là aussi on est servi au niveau de la bizarrerie avec des sons saturés et un côté psychédélique évident. Les personnages ne détonnent pas avec le reste : entre des mines patibulaires et des gens qui ont l'air fou, on est servi !
Le film peut certes apparaître comme rafraichissant pour ceux qui n'aiment pas les oeuvres conventionnelles, il n'empêche que l'on touche par moments à certaines limites et que ce délire peut un peu agacer. Pire, certaines scènes tirent un peu en longueurs, notamment dans la deuxième partie du film.
Mais malgré tout Matalo reste un long métrage à voir, aussi bien par son délire général que par ses scènes d'introduction et de conclusion, au demeurant assez mémorables.
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