Le cri du sorcier développe le thème de la sorcellerie, de forces maléfiques d'origine exotique dont les effets aboutissent dans le Devon en Angleterre. Crossley, interprété par Alan Bates, a rapporté de ses explorations en Australie trois croyances puisées dans de vagues mythes aborigènes. D'abord, le cri de terreur que lui a enseigné un sorcier. Ensuite, l'art d'ensorceler un objet appartenant à une femme, qui lui permet de la conquérir. Enfin, l'idée que l'âme d'un homme peut être contenue dans un objet, une pierre par exemple, et que celui qui détient cet objet a prise sur l'homme dont l'âme y est réfugiée. Crossley se sert des deux premières armes de cet arsenal pour séduire une jeune femme, Susannah York, et écarter son mari, John Hurt, en le menaçant du cri qui tue. Un prologue et un épilogue à l'histoire se situent dans un asile de fous où l'on retrouve Crossley. Dès lors deux explications peuvent être admises : la folie a pu conduire Crossley à inventer l'histoire ou l'histoire l'a conduit à devenir fou, comme il l'affirme lui-même. Au spectateur de choisir. Deux scènes sont particulièrement remarquables dans ce film. La première où Susannah, nue, court à quatre pattes, comme un animal, pour ouvrir sa porte à Crossley. La seconde : Susannah, filmée de la porte de la cuisine, épluche des carottes. La caméra recule; un oiseau noir entre à grand bruit d'ailes dans la pièce, se cogne contre les murs en tournant au dessus d'elle, et disparaît du champ. De la portion de cuisine où il s'est perdu, on voit alors surgir et s'approcher derrière Susannah, Crossley le sorcier. Un grand moment de cinéma...
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