Avec Le désert des tartares (1976), Valerio Zurlini s'attaque à l'adaptation du célèbre roman de Dino Buzzati, considéré comme quasiment inadaptable. Il faut dire que le sujet se prête difficilement à un film, à savoir des soldats qui attendent inexorablement la venue d'adversaires qui n'arrivent jamais. Il n'est pas évident de filmer l'ennui et l'attente.
Même si le résultat à l'écran ne me convaint que partiellement, il me semble que ce travail d'adaptation est en partie réussie. Si le film n'est pas exempt de longueurs, on sent cette terrible attente qui finit par ronger ces hommes de l'intérieur. Le jeu de Jacques Perrin, interprétant le jeune lieutenant Droggo venu au départ pour rester quelques semaines dans cette forteresse de Bastiano, est excellent et tout en nuances. Son personnage symbolise très bien toute l'ambivalence de nombre de ces soldats : ils souhaitent pour la plupart quitter cet endroit mais d'un autre côté ils en demeurent inmanquablement liés, à tel point qu'ils ne parviennent pas à partir et cherchent même à rester, au péril de leur vie.
Comme dans le livre, l'adaptation de Zurlini montre plutôt bien que cette forteresse devient finalement pour ses occupants une sorte de prison. D'autant qu'aux alentours il n'y a que ce désert de sable et cet ennemi qui semble ne jamais venir.
Si la mise en scène n'est pas forcément toujours très inspirée, on pourra au moins se reporter à l'excellente distribution. Outre Jacques Perrin, d'autres acteurs, très connus, sont bons dans leurs rôles respectifs, que ce soit Vittorio Gassman, Giuliano Gemma ou encore Philippe Noiret.
Voilà une adaptation du désert des tartares qui a le mérite d'exister, même si elle est loin d'être parfaite.
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