Enfin! Le documentaire tant attendu par les fans de Jean Rollin est enfin disponible en DVD dans une édition limitée grâce à l'éditeur indépendant The Ecstasy of Films, qui une nouvelle fois nous gâte avec une édition comme à son habitude particulièrement soignée...
"Jean Rollin, le rêveur égaré", réalisé par Damien Dupont et Yvan Pierre-Kaiser, est à ce jour le documentaire le plus complet consacré à ce réalisateur hors-norme qui a marqué de son empreinte le paysage du cinéma fantastique. Le documentaire avait déjà été projeté en salle notamment lors de festivals au cours de l'année 2011 et 2012, mais un DVD va enfin permettre à un plus large public de fans ou de curieux de pouvoir le découvrir. Les deux réalisateurs ont interviewé Jean Rollin ("Le Viol du vampire", "Requiem pour un vampire", "La Rose de fer", "Le Lac des morts vivants") à plusieurs reprises quelques mois avant que celui-ci ne disparaisse. Le cinéaste passionné et passionnant revient ici sur sa carrière, son enfance aussi, nous relatant des anecdotes à propos de certains de ses films ou de sa carrière d'écrivain, s'attardant plus par contre sur certains films que sur d'autres. On devine que Damien Dupont et Yvan Pierre-Kaiser ont probablement dû faire des coupes, comme on s'en aperçoit d’ailleurs dans les bonus, mais il est vrai qu'on aurait aimé que le documentaire n'omette pas certains films comme "Jeunes filles impudiques" (Jean Rollin avait pourtant des anecdotes particulièrement croustillantes concernant ce tournage...), "Les Démoniaques" (Le réalisateur en parle toutefois dans les bonus avec une anecdote assez amusante!), "La Morte Vivante" ou encore "Les Trottoirs de Bangkok"... Malgré tout, même si on aurait souhaité un documentaire encore plus complet, il l'est déjà pas mal et pour bien faire, du moins pour faire plus exhaustif, il aurait probablement fallu qu'il dure deux fois plus de temps, ce qui n’était guère envisageable! Les deux hommes nous offrent en tous cas un documentaire bien monté, avec des archives de qualité (Pas comme le documentaire "Jean Rollin, Être et à voir" de Jean-Loup Martin sorti récemment chez L'Harmattan Vidéo dont certains extraits de films auraient pu être de largement meilleure qualité...) et avec d’intéressantes interventions de personnes ayant soit travaillé avec le cinéaste, soit passionnés ou juste intéressés par le bonhomme. Parmi eux, le dessinateur Philippe Druillet, auteur notamment des trois premières affiches des films de Rollin ("Le Viol du vampire", "La Vampire nue" et "Le Frisson des vampires") et ayant travaillé sur le tournage du film "Le Viol du vampire"... De nombreuses personnes ayant également tourné sur ses films comme Jean-Pierre Bouyxou ("Célestine... bonne à tout faire", "La comtesse noire", "Les raisins de la mort"), Jean-Loup Philippe ("Lèvres de sang", "Le sexe qui parle", "Les paumées du petit matin"), les anciennes hardeuses Brigitte Lahaie ("Belles d'un soir", "Parties de chasse en Sologne", "La maison des phantasmes", "Fascination", "Les prédateurs de la nuit", "Calvaire") et Ovidie ("Orgie en noir", "Le pornographe", "Claudine", "La nuit des horloges") ou encore Natalie Perrey ("La vampire nue", "La rose de fer", "La nuit des traquées"), évoquent quant à eux leurs souvenirs de tournage et leur relation avec le cinéaste. Le journaliste (auteur notamment du livre "Immoral Tales"), réalisateur (de documentaires) et producteur (notamment de "Down Terrace" et "English Revolution") Pete Tombs, également fondateur de l’excellent label Mondo Macabro (Éditeur bien connu des amateurs de cinéma Bis) qui souligne notamment l'importance que le cinéaste a dans les pays anglo-saxons, alors qu'en France, il a toujours été rejeté... Enfin, l'écrivain Pascal Françaix ("Le Cercueil de Chair", "Les Mères noires"), qui travailla pour Rollin lorsque celui-ci était directeur d'une collection de romans fantastiques au Fleuve noir et la journaliste de cinéma et romancière Caroline Vié ("Brioche", "Dépendance Day")... Si on pourra regretter que certains films soient peu évoqués ou pas du tout évoqués, en revanche, le réalisateur reviendra assez longuement sur son tout premier long métrage inachevé, "L'itinéraire marin", dont les dialogues avaient été en partie écrits par Marguerite Duras et dont les bobines ont disparues à jamais suite apparemment à une erreur du Laboratoire GTC de Joinville-le-Pont. Il évoquera également longuement bien évidemment son film "Le Viol du vampire" par lequel tout l’univers du cinéaste s’est créé. Au final, pas de réelle frustration, les inconditionnels de Rollin seront ravis et les curieux mourront certainement d’impatience de découvrir son œuvre avec un regard maintenant éclairé et du coup probablement plus compréhensif vis-à-vis des choix très personnels du cinéaste...
Dans ce documentaire, Philippe Druillet compare Rollin à Cocteau et il a entièrement raison, car Jean Rollin, tout comme Jean Cocteau, était un vrai poète du fantastique!
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