Réalisateur insaisissable, mettant en scène des oeuvres où il interpelle sur le devenir de la société japonaise actuelle (Suicide club), Sono Sion n'y va jamais avec le dos de la cuillère. Son Guilty of romance, qui clôt sa "trilogie de la haine", après Love exposure et Cold fish, ne déroge pas à la règle.
Le cinéaste déploie tout son arsenal de "folie" avec une photographie très colorée, une musique particulièrement présente et des acteurs complètement dingues, qui donnent parfois l'impression d'avoir pris de la drogue, tellement ils véhiculent une folie.
Et pourtant, derrière ce que l'on pourrait assimiler à une sorte de thriller érotique trash, il y a vraiment un fond. Sono Sion s'interroge sur la place de l'homme dans la société japonaise, un homme qui se doit d'être viril et d'assumer ce statut. Un homme qui paraît propre sur lui mais qui ne l'est pas forcément. A l'image du mari de l’héroïne du film, qui se montre très dirigiste, absolument pas sentimental et très (trop) guindé. En réalité, le personnage n'est pas celui qu'il donne l'impression d'être.
Mais dans tous les cas, en corsetant de toutes parts son épouse qui voit sa jeunesse et même sa vie s'en aller, il va amener cette dernière à rechercher sa liberté. Elle va l'acquérir mais de façon extrême en faisant des photos osées, puis en se prostituant.
Le film reste évidemment à réserver à un public averti, car les scènes érotiques sont nombreuses, et en particulier dans la version longue non censurée. Le spectateur qui ne serait intéressé que par cette question pourra largement se rincer l’œil ! Mais cela n'est pas du sexe joyeux. Au contraire, c'est le début de la fin pour l’héroïne. Elle change de monde.
D'une certaine façon, elle est pervertie dans un monde qui n'est pas le sien, à l'image de cette fille de bonne famille qui elle aussi se prostitue.
A sa façon, Sono Sion dresse le portrait d'un Japon qui ne supporte plus les coutumes, les conventions et qui a bien du mal à trouver sa liberté dans cette société. La scène finale en est un des exemples les plus caractéristiques.
Pas un film agréable ni forcément facile à regarder, Guilty of romance est malgré tout fascinant et forcément marquant.
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