My childhood et My ain folk, les deux premiers volets de la trilogie de Bill Douglas, racontent son enfance misérable dans un village minier près d'Edimbourg, vers la fin de la deuxième guerre mondiale. L'auteur recrée avec une minutie sans pitié les moments les plus noirs de ses jeunes années. Jamie, l'enfant, est sans ressort, apathique, distrait du monde extérieur. Sa mère est atteinte de démence précoce et d'aphasie, son père supposé ne lui adresse pas la parole, sa grand-mère sombre peu à peu dans le mutisme et la mort. Quand il parvient à établir un rapport affectif, c'est avec un prisonnier de guerre allemand qui ne parle pas sa langue. Au moment où il commence à lui apprendre quelques rudiments d'anglais, l'allemand retourne chez lui. Le langage est réduit. Les coups, les attouchements, les empoignades forment l'essentiel d'une communication de nature quasi animale. Dans le troisième volet Jamie, plus âgé, renaît à la vie grâce à sa rencontre avec Robert, un jeune homme de son âge dans sa garnison en Egypte. La figure de style propre aux deux premiers volets est la brisure. L'enfant est perpétuellement en butte à la cruauté des adultes car la cruauté est comme un mode d'expression. La brisure est également présente dans la construction des deux premiers volets. Ils sont faits de fragments juxtaposés, de moments combinés mais non fondus, de violents flashs qui se succèdent. Ces trois fims devraient être vus par tous les passionnés de cinéma.
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