Paradis : foi, deuxième partie de la trilogie de Seidl après Paradis : amour et avant Paradis: espoir nous conte l'histoire d'Anna Maria cherchant à convertir l'infidèle, passant ses vacances à sillonner d'improbables banlieues pour faire du porte à porte avec une statue de la vierge. Qu'elle entraîne une famille d'étrangers dans un flot d'incantations à la madone, qu'elle tente de convaincre un vieux garçon en slip de s'agenouiller au milieu du bric à brac de reliques qui en combrent la chambre de sa mère morte, qu'elle argumente sur le concept d'adultère avec un veuf qui a refait sa vie avec une divorcée ou qu'elle se batte avec une alcoolique ukrainienne en un homérique plan-séquence, la comédienne, Maria Hohhstätter, déjà remarquée dans le rôle de l'autostoppeuse de Dog Days, nous montre toute l'étendue de son registre. Dès la première scène, un plan fixe de son bureau où un tableau du Christ et un crucifix se font face donne le ton de son engagement. Avec la détermination calme de la pénitente, Anna Maria sort de son tiroir un fouet dont elle frappe son dos dénudé. Le temps réel de la scène qui dure et les marques authentiques qui strient la peau de la comédienne donnent une épaisseur au propos qui culmine av ec un très sérieux "Merci Jésus". Mais l'extase n'est jamais loin de la souffrance et, à force de partager une intimité corporelle avec des représentations de Jésus, son désir du Christ devient de plus en plus charnel, jusqu'à l'incroyable séquence de masturbation avec le crucifix. Anna Maria devra aussi endurer le retour impromptu de son ex-mari, un musulman tétraplégique qui n'a de cesse de coucher avec elle. Comme toujours chez Seidl, les personnages paraissent monstrueux dans leurs comportements mais nous touchent par leur détresse. C'était déjà le cas dans Dog Days et Dans Import Export, ses films précédents.
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