Le facteur sonne toujours deux fois de James Cain a fait l'objet de 4 adaptations cinématographiques. La première et la moins connue de Pierre Chenal sous le titre Le dernier tournant. La deuxième de Visconti sous le titre Ossessione. La troisième de Garnett reprenant le titre du livre et enfin celle de Bob Rafelson avec Nicholson. En 1942 donc Visconti réalisait Ossessionne ou Les amants diaboliques. Se référer, fût-ce tacitement, à un auteur américain, était déjà en soi un acte provocant à l'intérieur du cinéma mussolinien. Cette intrigue simple se fondait dans un nouveau contexte. Sa lourde sensualité s'inscrivait dans une préoccupation traditionnelle du cinéma italien. Beaucoup moins traditionnel était le fond de l'histoire, ce fatalisme devenu pessimisme total, cette Italie désolée et pauvre des routes et de la campagne. Par une création d'atmosphère qui reste une de ses meilleures, et par l'intermédiaire d'un couple d'amants plus préoccupés de leurs sens et de leurs petits gains que de sentimentalisme et de patriotisme, Visconti réalisait une oeuvre dérangeante qui ouvrait la voie à un nouveau cinéma.
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