Ce film complexe, ni documentaire ni fiction, raconte l'étonnante histoire d'Enzo et Mary, le mauvais garçon et le transsexuel qui se sont connus en prison et qui ont rêvé ensemble de se reconstruire une vie. Par bribes, avec Enzo à l'image, que l'on suit dans ses déambulations à travers le dédale des ruelles de Gênes, les bars et son petit appartement, et avec Mary, hors champ, qui détaille ce qu'a été la longue attente avant la sortie de prison de l'homme qu'elle aime, se construit le film. Avec son visage sur lequel se lisent les marques d'une existence terrible et sa démarche fatiguée, Enzo évoque sa vie de galérien, ses années de prison, sa violence contenue qui explose parfois. Mary raconte sa vie de transsexuel qui a eu beaucoup de peine à se faire accepter dans sa singularité, et qui a trouvé en Enzo l'individu follement épris d'elle. La bocca del lupo, tantôt documentaire puisant dans les ressources du film de famille, tantôt recréation dramatique pour un récit de vie mis en scène pour les besoins du film vaut surtout pour l'authenticité qui se dégage de ses deux héros.
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