Barbe-Bleue (1972) : 7,5/10
Très libre adaptation du conte de Charles Perrault, ce "Barbe-Bleue", réalisé en 1972 par Edward Dmytryk ("Le Bal des maudits", "L'Homme aux colts d'or", "Ouragan sur le Caine") et Luciano Sacripanti, est un agréable mélange d'horreur et de comédie, valant beaucoup pour son casting, sa musique et son ambiance baroque et très seventies.
Dire que le film a failli sortir sous le nom d'Alan Smithee car Dmytryk n'en était pas très fier, il n'y avait vraiment pas de quoi! Le réalisateur ne nous livre, certes, pas un chef d’œuvre, mais cela demeure un film tout à fait regardable et recommandable. Déjà pour son casting, avec tout d'abord Richard Burton ("Cléopâtre", "Qui a peur de Virginia Woolf ?", "Quand les aigles attaquent") qui est excellent dans le rôle du Baron Von Stepper, étonnamment attachant, malgré que cela soit un nazi. De plus il est entouré d'une distribution féminine des plus délicieuse. Raquel Welch ("Le Voyage fantastique", "Les Trois mousquetaires", "La revanche d'une blonde"), en nonne, est un véritable fantasme, qui va malheureusement se transformer en véritable cauchemar pour notre pauvre Baron... Nathalie Delon ("Le Samouraï", "Sex-shop") y est aussi charmante, tout comme Agostina Belli ("La Carrière d'une femme de chambre", "Holocauste 2000"), Virna Lisi ("La Tulipe noire", "La Reine Margot"), Sybil Danning ("Airport 80 Concorde", "Grindhouse", "Halloween"), Joey Heatherton ("Cry-Baby") et Karin Schubert ("La Folie des grandeurs", "L'Attentat"). Seule Marilù Tolo ("Les Sorcières", "Roy Colt et Winchester Jack", "Cinq jours à Milan"), dans le rôle de Brigitte, fait ici véritablement peur en féministe hystérique devenant soumise face notre Baron. En tous cas, la plus part de ces jolies pin-up vont, pour notre plus grand plaisir (masculin), se dévêtir, donnant au film un côté presque érotique, du moins assez coquin. On notera enfin la présence au niveau du casting de Jean Lefebvre ("Les Tontons flingueurs", "Le Gendarme de Saint-Tropez"). Le film se compose essentiellement de divers tableaux présentés sous forme de flashbacks, donnant quelque peu l'impression de voir un film à sketches, où le Baron explique à Anne, sa dernière épouse, pour quelles raisons il a tué toutes ses femmes. Le film est servi par une belle mise en scène, une photographie très soignée très marquée années 70, le tout mis en valeur par une composition de Ennio Morricone ("Il était une fois dans l'Ouest", "Le Clan des Siciliens") facilement identifiable et mémorisable. Par contre, le montage du master français présenté ici semble comporter quelques coupes, pas très bien faites d'ailleurs. Quel dommage! Côté horreur, les meurtres sont souvent assez graphiques, avec des effets par contre rudimentaires, mais le film commence à dater et c'est donc plutôt excusable. Le film est très baroque, se rapprochant par moments des films d'horreur italiens des années 60/70, tels que ceux que pouvaient réaliser Mario Bava ou Dario Argento à l'époque, mais cela reste avant tout une comédie souvent amusante, notamment grâce à un Richard Burton désabusé par les femmes sur lequel il tombe. Certains seront peut-être choqués que Barbe-Bleue soit présenté comme étant un officier du IIIème Reich, mais n'est-il pas avant tout un monstre?Même si ici, on le perçoit avant tout comme un séducteur...
Ce "Barbe-Bleue" est bien différent des autres adaptations, mais n'en est pas moins intéressant à bien des niveaux. De plus, il a plutôt bien vieilli, alors pas de raisons de s'en priver!
Barbe Bleue (1944) : 7/10
Ce "Barbe-Bleue" signé Edgar G. Ulmer ("Le Chat noir", "Detour", "Le Bandit", "L'Atlantide" est un petit polar bien noir valant principalement pour la présence de John Carradine ("La Chevauchée fantastique", "Le Chien des Baskerville", "Les Raisins de la colère"), totalement halluciné en tueur de femmes et pour sa photographie très expressionniste.
Ce long-métrage de 1944 n'est certes pas un chef d’œuvre, mais c'est tout de même un petit film qui mérite d'être redécouvert. Ce "Barbe-Bleue" n'a pas grand chose à voir avec le conte de Perrault, même si on y trouvera quelques similitudes avec ces meurtres de femmes. Ici, Barbe-Bleue est un tueur en série, qui étrangle des femmes avec qui il flirte, puis il se débarrasse des corps en les jetant dans la Seine. Ce tueur, c'est Gaston Morel, un marionnettiste talentueux, interprété donc par John Carradine (le père de David Carradine, Robert Carradine de Keith Carradine), également peintre, profondément perturbé par une déception sentimentale. En effet, Jeanette, une femme qu'il avait secouru et qui est devenue en quelque sorte sa muse, son modèle idéal, disparut du jour au lendemain et lorsqu'il la retrouva enfin, il perdit alors ses illusions, se rendant compte de sa vraie nature et surtout qu'elle n'a aucun sentiment pour lui. C'est alors qu'il bascule dans la folie et se met à tuer... Carradine est vraiment excellent dans ce rôle, livrant ici une de ses plus belles performances. Son personnage est également fascinant allant jusqu'à se confesser de ses meurtres auprès de Lucille, une jeune femme pour lequel il va tomber amoureux. Cet amour semblait d'ailleurs l'avoir guéri, un peu comme Tom Noonan dans son rôle du Dragon rouge, dans "Manhunter", mais évidemment Lucille ne sera pas prête à accepter ses aveux comme si de rien n'était... Le film a été réalisé en six jours avec des moyens dérisoires, obligeant le metteur en scène a peindre des décors parisiens la nuit afin de pouvoir tourner le lendemain dans la journée. Ce manque de moyens se ressent évidemment, mais cela n'empêche pas celui-ci d'être assez réussie esthétiquement parlant avec une influence expressionniste évidente. Il faut dire que Ulmer a également travaillé comme décorateur et a notamment assisté F.W. Murnau! En fait, le principal défaut du film résidera dans ses premiers meurtres, trop rapidement expédiés, comme si ils avaient été coupés au montage... Certains raccords, surtout au début du film, sont un peu particuliers!
Malgré le poids des années, ce "Barbe-Bleue" vaut donc le coup qu'on y rejette un coup d’œil...
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