Librement inspiré d'un fait divers, "Après le sud" retrace le destin croisé de quatre personnes à travers une journée où l'on perçoit leur mal-être, jusqu'au drame final...
Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Jean-Jacques Jauffret, qui a notamment était assistant réalisateur sur "Les nuits fauves", nous offre un drame lent et souvent contemplatif, où il met à nu ses personnages au propre, comme au figuré. Dès le début, on sait où le réalisateur va nous mener, avec cette scène où un vieil homme nettoie son fusil, instaurant ainsi de suite une réelle tension, mais s'il dévoile aussi rapidement cet élèment aussi important, c'est parce qu' il ne va pas réellement s'intéresser au drame en soi, mais plutôt aux détails qui vont mener à la tragédie annoncée. Il va alors nous montrer le quotidien de ces personnes, sans pudeur, mais toujours avec beaucoup de respect. Petit à petit, il nous dévoile leur mal-être, profond ou pas d'ailleurs... Celui d'Amélie, personnage central de ce film choral, une caissière d'hypermarché, interprétée par Adèle Haenel ("Naissance des pieuvres") vient du fait qu'elle pense être enceinte de son petit ami, Luigi, joué par Ulysse Grosjean ("La Guerre des miss"), qui lui veut tout plaquer pour partir en Italie pour rejoindre sa mamma, suite à une gifle donnée par son père. La mère d'Amélie, Anne, jouée par Sylvie Lachat ("Opération 118 318, sévices clients"), elle, souffre de son surpoids et veut se faire poser un ballon gastrique dans le plus grand secret. Ce problème d'obésité, le réalisateur le connaît bien, puisqu'en 2007, il a fait condamner Air France pour non-respect des conditions de vente, suite à l'obligation de payer deux sièges lors d'un vol New Delhi-Paris qu'il a effectué en 2005. Enfin, il y a Yves Ruellan, comédien issu du théâtre, dans le rôle de Georges, le vieil homme au fusil, qui lui souffre avant tout de solitude. L'interprétation des acteurs est dans l'ensemble très bonne et constitue l'un des atouts principal du film, notamment celle de Sylvie Lachat et cela, même si on ne s'attachera jamais vraiment aux différents protagonistes. La mise en scène est impeccable, les destins se croisent admirablement et avec beaucoup de lisibilité et de subtilité. La photographie du film est très belle et retranscrit bien le sud que le réalisateur a voulu décrire, celui d'une chaude après-midi. Mais en revanche, le rythme très lent du film risque d'en rebuter plus d'un, surtout qu'il ne se passe pas grand chose sortant de l'ordinaire, malgré quelques scènes marquantes comme celle de la fouille du vieil homme par exemple, particulièrement humiliante. L'humiliation, sera d'ailleurs l'un des thèmes fort du film, même si les autres protagonistes ne connaîtront pas une humiliation aussi violente que celle-ci. On sent nettement l'influence de Pasolini sur le film, celui de la période "Mamma Roma", notamment dans le choix de l'acteur Ulysse Grosjean. La fin, malgré sa sobriété, est assez bouleversante, par le côté glacial du meurtrier et par le côté injuste de ce crime.
Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes en 2011, "Après le sud" nous offre du cinéma d'auteur intéressant, mais qui ne convainc pas totalement. Certains le trouveront ennuyeux à mourir, d’autres seront fascinés... moi, je suis quelque peu partagé entre les deux, je l’ai trouvé beau et fascinant par certains côtés, mais aussi un peu trop prévisible et long par moments, s’attardant trop sur de petits détails.
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