"Le monde, la chair et le diable" (1959) du scénariste Ranald MacDougall , se présente comme un film de science-fiction apocalyptique sur la base d'une histoire évoquant la fin du monde et de l'humanité , mais qui étonne par son caractère atypique avec une approche plutôt sobre et intimiste du sujet.
Le film peut clairement être divisé en trois parties distinctes où , dans une première moitié de métrage quasiment muette , on a droit à une réflexion sur la solitude au travers de l'errance d'un homme noir pensant être le seul survivant d'un cataclysme atomique. Puis une deuxième partie est marquée par la rencontre avec une rescapée de race blanche et la naissance d'un nouvel espoir de reconstruction pour l'humanité, tandis qu'enfin une troisième et dernière partie voit l'apparition d'un autre rescapé, blanc lui aussi , qui va faire voler en éclats cette cohabitation et accentuer les différences raciales.
"Le monde ,la chair et le diable" traite par conséquent de thèmes essentiels dans l'Amérique de la fin des années 1950 , à savoir la guerre froide et l'exclusion par le racisme , malheureusement de façon trop maladroite et bancale pour être considéré comme un classique du cinéma de SF post-apocalyptique. Si la menace nucléaire est ainsi évoquée de manière très réussie dans la première moitié du film , on s'égare ensuite dans une fable un peu lourde sur la dénonciation du racisme , illustrée par ce triangle amoureux qui fait ressurgir les haines et tensions, et une fin en happy end très peu crédible.
Loin d'être un chef-d'oeuvre , "Le monde , la chair et le diable" parvient à séduire malgré tout , encore une fois par sa sobriété dans un film où l'on ne rencontre ni cadavres infectés ni zombies. Mais il est surtout convaincant par la vision saisissante qu'il nous donne à voir d'une mégalopole complètement dépeuplée et désertée , avec des images d'une grande beauté plastique et un noir et blanc contrasté qui installent une atmosphère des plus étranges.
Bref , une petite rareté du genre SF , à redécouvrir sans plus tarder !
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