Pour son premier long-métrage, Alexandre Courtès ("Les Infidèles") frappe fort, très fort avec un film de genre qui va marquer assurément les esprits et pour longtemps.
Le célèbre clippeur français récompensé notamment, avec son comparse Martin Fougerol, d'un Grammy Award pour le clip "Vertigo" de U2 impressionne immédiatement par une mise en scène véritablement inspirée et contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, absolument pas clipesque. Alexandre Courtès nous offre un film très seventies (l'histoire se passe à la fin des années 80...), mettant en scène trois rockers un peu loosers, travaillant la journée comme cuistots dans un asile psychiatrique. Les trois personnages, avec leur look cool, attirent tout de suite la sympathie, surtout George, le héros interprété par Rupert Evans ("Hellboy", "Agora"), qui campe un personnage fort attachant. Cette empathie que l'on va éprouver pour ce personnage, viendra en partie de son vécu personnel, de son histoire d'amour en particulier. Dès le début du film, on sent une tension très forte dès que l'on se trouve à l'intérieur des cuisines, due à une menace latente, certains malades étant particulièrement inquiétants, en particulier Harry Green interprété par un Richard Brake ("Batman Begins", "Hannibal Lecter : les origines du mal", "Halloween 2") habitué aux rôles de tordus. Évidemment, cela va partir en sucette et méchamment! Rarement un film aura été aussi traumatisant! Le réalisateur a pourtant choisi d'alléger les scènes de torture du scénario original... On n'ose imaginer ce que cela aurait donné, s'il avait gardé toutes les scènes. Pourtant, il semble avoir fait le bon choix, le dosage étant ici parfait, évitant au film de tomber dans le torture-porn ou le Grand Guignol. Attention tout de même, âmes sensibles, s'abstenir, car certaines font véritablement mal. Le film comporte une ambiance oppressante qui va être accentuée par l’obscurité quasi omniprésente, renforcée par cette sensation qu'il n'y a aucune issue possible, aidée en cela par le très beau score signé Christophe Chassol. La fin, assez surprenante, va quelque peu déstabiliser le public, qui finalement ne sera plus trop sur quel pied danser, sans que cela vienne toutefois ternir le plaisir que ce métrage lui aura procuré.
Pour un coup d'essai, en tous cas, c'est un coup de maître, alors espérons qu'Alexandre Courtès réitérera par la suite dans le film de genre, après le succès de "Les infidèles", car c'est un style dans lequel il excelle!
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