Grand classique du cinéma, La grande illusion est un film qui commence quelque peu à dater. Dès lors, la question reste de savoir si ce grand classique du cinéma, signé Jean Renoir (avec comme assistant réalisateur Jacques Becker), a tenu le choc des années. Il faut un petit moment pour s'habituer au jeu parfois outrancier des acteurs et constater que le contexte politique n'est plus du tout le même aujourd'hui qu'à l'époque. Passé ce temps d'adaptation, le film prend une ampleur certaine et justifie son statut de film majeur de l'histoire du cinéma.
Le film nous montre des militaires français qui sont retenus dans un camp en Allemagne. Bien qu'ils tentent à de nombreuses reprises de s'échapper du camp, on ne ressent pas la guerre de la même façon que ce que l'on aurait pu s'imaginer. C'est comme si l'on se situait à l'arrière du front avec des gens qui peuvent manger à leur faim grâce à de la nourriture qui leur est envoyée et effectuer divers loisirs.
Si le film comporte de nombreuses séquences assez drôles (notamment l'utilisation de mots allemands comme verboten et auf wiederzehn), le ton du film devient de plus en plus grave.
Il y a d'abord ce regain de patriotisme par le biais d'un beau plan-séquence où la Marseillaise est chantée en chœur qui des militaires français qui montrent de la sorte leur attachement à leur patrie, alors que la ville de Douaumont a été prise.
Ensuite, il y a des personnages principaux de ce film qui décèdent, montrant que la guerre fait immanquablement des victimes.
Surtout, le film de Jean Renoir est prenant et fort sur le plan émotionnel car il est parcouru de bout en bout par une vague d'humanisme. Il y a ainsi cette belle histoire d'amitié entre deux officiers de camps opposés. Et puis il y a aussi l'un des personnages principaux du film, interprété par un excellent Jean Gabin, qui trouve refuge auprès d'une Allemande et promet à cette dernière qu'il reviendra la chercher quand la guerre sera finie s'il est toujours en vie.
Jean Renoir n'oublie pas à plusieurs reprises d'évoquer l'inutilité de la guerre par le biais de dialogues des personnages du film : « je n'en n'ai pas fini de traîner une existence inutile » (l'officier allemand joué par Eric Von Stroheim qui regrette d'avoir eu à tirer sur l'officier français) ; « Une frontière ça se voit pas, c'est une invention des hommes. »
Au final, si La grande illusion n'a pas le même impact aujourd'hui car la situation géopolitique n'est plus la même qu'à l'époque, il n'en demeure pas moins un film important, ne serait-ce que pour son humanisme omniprésent.
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