Actuellement uniquement visible grâce à ce tirage de tête de l'ouvrage "Écrits complets" volume 1 numéroté à 150 exemplaires seulement, "Le masque de la Méduse" est le tout dernier film de Jean Rollin ("Les démoniaques", "La rose de fer", "Requiem pour un vampire"), ce réalisateur atypique qui nous a quitté malheureusement le 15 décembre 2010, peu de temps à après la sortie de cet ouvrage.
Si "Le masque de la Méduse" sera bel et bien une œuvre reconnaissable du cinéaste, elle sera tout de même assez éloignée de ses premières œuvres, celles qu'adulent ses fans et ce sera d'ailleurs une de ses œuvres les plus faibles. Ce long-métrage relativement court est découpé en deux parties distinctes, un peu comme dans "Le viol du vampire". La première partie prend place essentiellement dans un lieu cher à Jean Rollin, le théâtre du Grand Guignol. Cette partie est malheureusement mortellement ennuyeuse avec de longs dialogues interminables. De plus les trucages de la chevelure de la méduse, interprétée par Simone Rollin ("La nuit des horloges") ne sont pas vraiment tops. Comme dans "La nuit des horloges" où le réalisateur s'était offert le plaisir de tourner dans le musée "La specola", ici il s'offre celui de tourner quelques scènes à l'Aquarium de la porte Dorée. "La masque de la Méduse", qui utilise le mythe antique de la Méduse transposé de nos jours, suit des thèmes déjà abordés dans son précédent film. Le jeu des acteurs est, comme souvent dans ses films, très théâtral, avec des textes semblant être récités plus que joués, ce qui lui a été souvent reproché. Sabine Lenoël ("La fiancée de Dracula", "La Nuit des horloges") et Marlène Delcambre, dans les rôles de Euryale et Sthéno tirent toutes deux leurs épingles du jeu dans cette partie peu convaincante et nous permettent de rester éveiller notamment grâce à la jolie plastique de Marlène Delcambre, qui se livrera tout de même à une danse assez érotique, complètement dénudée. Dans la seconde partie, le metteur en scène retrouve un autre lieu qui lui est cher, le cimetière du Père Lachaise, où il nous livre des séquences beaucoup plus typiques de son œuvre avec bien entendues des femmes nues et de l'hémoglobine... Mais là où il va nous surprendre, c'est en apportant des touches de bonne humeur et d'humour plutôt inhabituelles, même si des films comme "La fiancée de Dracula" montrait bien qu'il ne se prenait pas au sérieux. Cet humour est en partie apporté par le joli modèle Delphine Montoban, qui débute ici au cinéma et qui semble avoir du mal à garder son sérieux dans cet univers si particulier. Si cette dernière partie sera un peu plus convaincante, elle aura tout de même du mal à faire oublier la première partie et "Le masque de la Méduse" aura malgré tout certainement du mal à se faire apprécier même de la part des aficionados les plus fidèles du cinéaste...
Malgré la déception, c'est tout de même avec plaisir et émotion que l'on découvre cette dernière œuvre d'un metteur en scène qui avait une réelle soif de tourner et d'écrire. Jean Rollin nous manquera, sa disparition laisse un vide immense dans le monde du Bis. RIP
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