Thriller d'action mené de mains de maître par Éric Valette, ce "La proie" ne va pas laisser un instant de répit à son spectateur au sein d'une intrigue certes légèrement convenue mais pour autant largement captivante malgré quelques petites sous-intrigues pas forcément très utiles.
Le script va laisser un braqueur de banque échapper de prison afin d’essayer de mettre la main sur un serial-killer l'ayant floué du butin de son dernier casse en plus d'avoir réussi à embrouiller la police afin de lui faire porter le chapeau de ses crimes.
D'entrée le métrage va nous présenter son personnage principal, Franck Adrien, un braqueur de banque emprisonné, recevant la visite galante de sa femme Anna pour ensuite mieux nous permettre de comprendre la situation de cet homme marié et père d'une fillette soufrant d'un mal l'empêchant de parler, et coincé dans la même prison que l'un de ses coéquipiers pour le braquage l'ayant conduit en prison, le butin étant demeuré caché et seul Adrien connaît la planque.
Nous ferons également la connaissance du compagnon de cellule d'Adrien, Jean-Louis Maurel, un violeur présumé clamant son innocence mais ne pouvant sortir de sa cellule sous peine de se faire étriper par les autres détenus et avec qui Adrien entretiendra des rapports plus que froids, ce qui sera amené à changer quelque peu lorsque les matons vont laisser trois détenus russes venir s'occuper de violer Maurel et devoir subir les coups d'un Adrien ne pouvant laisser faire un tel acte odieux.
Agressé par son ancien complice (qui voudra connaître l'endroit où se trouve le butin du braquage avant qu'Adrien ne subisse la revanche des russes), Adrien finira à l’infirmerie de le prison et recevra la visite d'adieu de Maurel, innocenté et à qui il laissera un mot pour Anna et à demi-mot lui indiquera le lieu où se trouve l'argent. Mal lui en prendra car peu près il recevra la visite d'un gendarme enquêtant sur Maurel, serial-killer présumé, tueur de jeunes filles.Une bagarre violente avec les russes, toujours avec la connivence des matons, donnera l’opportunité à Adrien de s'évader.
Cette première partie en prison sera particulièrement réaliste, dénonçant les petits trafics y existant tout en égratignant le personnel pénitencier coupable de fermer les yeux et même d'accorder des expéditions punitives, mais surtout la personnalité de ce Maurel sera troublante, ce petit homme d'une banalité confondante ayant mal la carrure d'un tueur en série.
Éric Valette aura aussi pris soin de nous présenter Claire, responsable de l'équipe de policiers qui seront mis sur la piste d'Adrien (lors d'un séquence d'action certes gratuite mais bien violente), mais ce dernier ne va pas tarder à se rendre compte que Maurel l'a définitivement berné, s’accaparant aussi bien le butin que sa fillette avant de disparaître dans la nature, tout en s'étant arrangé pour impliquer Adrien dans ses précédents crimes, faisant de lui un tueur d'adolescentes doublement recherché par la police.
Les bases de l'intrigue ainsi posées, le métrage va multiplier les situations tendues et bourrées d'une action ne faiblissant jamais, pour suivre une double traque, celle de Claire et de la police recherchant Adrien, lui-même étant parti à la recherche de sa fille, mais ce sera pour laisser des situations lisibles et concrètes occuper l'écran de manière énergique mais aussi plus sordides lorsque Maurel révélera son vrai visage en ayant trouvé une nouvelle proie, pour devenir glaçant et calculateur. Quelques morceaux de bravoure viendront même dominer les débats avec par exemple cette poursuite sur le périphérique ou encore cette baston violente contre les russes, quand Adrien n'échappera pas à ses poursuivants de manière gonflée et graphique, ce qui ne sera pas terni par un final stressant à souhait.
Alors bien sûr, on pourra relever quelques petits défauts au sein du métrage, comme ces sous-intrigues trop nombreuses (le gendarme ou encore le père de l'une des victimes de Maurel), ou encore la capacité d'Adrien à courir et se mouvoir malgré ses blessures, mais cela ne viendra guère gêner un ensemble cohérent, bien agencé et généreux qui bénéficiera d'une mise en cène appliquée et sans effets inutiles de la part d'un Éric Valette maître de son sujet, tandis que l'interprétation sera également à la hauteur, avec un Albert Dupontel parfait dans le rôle d'Adrien, tout comme Alice Taglioni dans celui de Claire, avec également un Stéphane Debac bluffant pour camper le sinistre et calculateur Maurel.
Donc, ce "La proie" fonctionnera à tous les niveaux, aussi bien pour garantir le spectacle que pour impliquer son spectateur dans une intrigue parfaitement huilée, faisant ainsi oublier ses petites carences !
|