Passer derrière John Carpenter pour l'un de ses meilleurs films (même si lui-même ne l'apprécie que modérément!) n'était pas chose aisée et le réalisateur Rupert Wainwright va inévitablement souffrir de la comparaison de ce nouveau "Fog" avec son modèle, tant le film est chargé en incohérences, délesté de tout suspense et de toute tension, échouant à générer une atmosphère inquiétante.
Le script va laisser un banc de brouillard étrange envahir une petite île, brouillard abritant des spectres venus se venger.
Après une courte séquence d'introduction suivant quatre hommes fuyant un navire en flammes pour connaître une frayeur complètement déplacée et inutile, le métrage va se lancer dans la présentation de son personnage principal, Nick, un jeune homme dans le métier consiste à emmener avec son acolyte Snooper des pêcheurs en mer pour leur garanti une partie de pêche mémorable et ce sera lors de l'une de ces promenades en mer que l'ancre de son petit bateau va accrocher un vieux sac, dispersant des objets dans la mer et bientôt appelés à s'échouer sur la plage de l'île d'Antonio Bay où Nick séjourne. La ville d'Antonio Bay s'apprêtera à célébrer une nouvelle statue à l'effigie de ses quatre fondateurs, le métrage cherchant dès le départ à jouer sur une énigme hélas bien connu de tout spectateur ayant vu le film original de John Carpenter.
Nick ne va pas tarder à retrouver sa petite amie Élisabeth qui avait quitté l'île mais venant d'y retourner suite à des cauchemars récurrents qui permettront au métrage de faire progresser les révélations liés au mystère que voudra entretenir l'intrigue. Et comme il se doit, un étrange banc de brouillard ne tardera pas à faire son apparition, défiant les vents et intrigant aussi bien Stevie Wayne, animatrice de la radio locale perchée dans son phare que le "monsieur météo" local.
Le métrage va donc globalement reprendre le schéma du classique de John Carpenter, conservant certains passages forts (le mort de l'hôpital se relevant, par exemple), mais ce sera pour se focaliser sur des protagonistes différents et guère attachants comme ce Nick transparent au possible, tandis qu’Élisabeth et ses cauchemars vont certes donner un justification au final partant dans une autre direction moins dramatique et horrifique, mais cela sera pour imposer une sorte d'enquête mal dégrossie suite à une rocambolesque et vraiment peu crédible découverte du journal intime de l'un des fondateurs de la ville d'Antonio Bay, reléguant ainsi au second plan cette animatrice de radio locale bien plus présente et percutante dans le film original ou encore le prêtre ici présenté comme un alcoolique semblant connaître tout de l'histoire de la ville mais ne voulant rien en dire.
Et hélas, là où John Carpenter arrivait sans mal à inquiéter et à semer l'effroi avec ce brouillard insidieux et les ombres l'accompagnant, Rupert Wainright va choisir la facilité du modernisme, comme pour cette première attaque complètement ratée d'un bateau où Snooper faisait la fête avec deux pouffes en maillot de bain et un blaireau, et ce ne sera pas tout puisque les diverses agressions des spectres seront définitivement pas effrayantes, la palme revenant à cette main sortant d'un évier pour toucher une mamie et la transformer en squelette fumant, tandis que le brouillard en lui-même ne sera jamais un personnage à part entière, malgré les désirs du réalisateur, laissant même un final hasardeux venir ternir l'idée de vengeance des spectres qui de toutes façons auront eu bien du mal à conserver une cohérence dans leurs activités meurtrières.
L'interprétation est cohérente mais sans charisme ni réelle présence à l'écran, ne parvenant ainsi pas à rendre les personnages attachants ou même sympathiques aux yeux du spectateur, tandis que la mise en scène du réalisateur est commune, peinant à donner de l'ampleur aux temps forts du film et surtout à rendre son brouillard inquiétant. Les effets spéciaux sont plutôt probants pour disperser la brume devant la caméra mais les spectres auront un look de carnaval raté, le métrage étant absolument pas sanglant, les meurtres demeurant plus que soft.
Donc, ce "Fog" sentira le ratage à plein nez mais se suivra qaund même sans ennui, ne serait-ce que pour se remémorer les qualités de son modèle !
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