Au loin les lumières évoque les destins croisés de migrants d'origine ukrainienne immobilisés en Pologne et fascinés par les lumières de l'Allemagne qui brillent de l'autre côté de l'Oder. Il y a d'abord Kolja qui voudrait gagner Beerlin. Venu avec un groupe de clandestins, il se croit déjà en Allemagne, mais le passeur a menti, ils sont en Pologne. Dans le même groupe, Dimitri et sa femme veulent passer à l'Ouest pour offrir un meilleur avenir à leur bébé. Ils tombent sur Antoni, chauffeur de taxi qui s'improvise passeur juste pour acheter une robe de communion à sa fille. Quelque part sur la frontière, un père et ses deux fils vivent de petits trafics. Ils hébergent et exploitent une jeune délinquante échappée de son foyer. Enfin Philip, architecte débutant, participe à un projet d'usine au bord de l'Oder. Les uns et les autres ne sont ni des pièces éparpillées sur un territoire ni des archétypes. Ce sont des individus qui se détachent de la foule en quelques plans secs. Réfugiés ou pas, les personnages sont tous des fugitifs. Ce sentiment est accentué par une caméra portée qui les suit dans des déplacements constants : camions, trains, mobylettes, voitures. Le film nous abandonne brutalement, comme sur un quai de gare, laissant planer ce sentiment d'avoir partagé avec quelques passagers clandestins une expérience forte et brève.
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