Fat City donne l'impression d'être le premier vrai film sur la boxe et les boxeurs ( mis à part Raging Bull) qui ait jamais été tourné aux Etats-Unis ou ailleurs. La raison est sans doute que John Huston, le réalisateur, sait mieux que quiconque de quoi il retourne puisqu'il a été boxeur dans sa jeunesse, catégorie poids légers. Huston a choisi de nous montrer, non l'aspect extérieur, spectaculaire des combats mais bien davantage l'envers du décor, les à-côtés minables du métier, les tréfonds du "noble art". Huston dépeint aussi avec justesse le petit peuple de Fat City : boxeurs, managers, soigneurs, ouvriers agricoles, poivrots, garçons de café, filles imbibées d'alcool, tous sont dotés d'un poids d'existence, d'une épaisseur charnelle qui nous étreint. Cette réalité sordide s'avère pourtant transcendée par la poésie, poésie de la ville et de ses mystères, poésie des visages, poésie de l'échec et du courage quotidiens.
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