Dans ce film de Dino Risi, la variété des dons de Gassman explose. Entre les seize personnages d'escrocs que Gassman croque rapidement ou développe et fignole à loisir, il est impossible de faire un choix. Certains sketches sont fondés sur des escroqueries déjà connues : le vol du diamant au chewing-gum remonte à Sacha Guitry dans Assassins et voleurs. Génial de bout en bout Gassman crève l'écran. Outre l'escroquerie aux pâtes alimentaires pour l'armée, il fait preuve de plus d'inventivité dans deux épisodes. Celui où, "convaincu" par sa fiancée d'accepter un travail honnête et traîné par elle dans un cristallerie, il inaugure sur le champ un tic nerveux de ses mains et commence à dévaster le magasin. Celui où en prison, Gassman acteur "minable" parodie Gassman "tragédien sublime" dans le monologue de Marc-Antoine (Shakespeare) de manière à la fois grossièrement caricaturale et assez convaincante pour que l'un de ses analphabètes auditeurs conclue : "Ce Brutus était une fripouille". Gassman, irrésistible arrache le film à la catégorie des pochades et le préserve de toute ride.
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