Elvira Madigan évoque le charme des agapes matinales entre deux êtres complices, lorsqu'à travers les petits riens, la gaieté, les enfantillages se glisse soudain le sentiment irremplaçable de l'entente absolue. Le film, inspiré d'un fait divers qui émut au siècle dernier l'opinion publique, retrace le suicide en forêt au terme d'une fugue, d'un lieutenant déserteur et d'une danseuse de corde. Wideberg restitue la belle époque en monocles et canotiers, avec son odeur de vacances somnolentes. Il nous offre une atmosphère lumineuse d'idylle aux champs, mais contrariée par la jonction difficile entre l'instinct de l'épanouissement individuel et la pesée exigeante de la communauté. Tout le film est construit sur la confrontation entre le monde des autres et cette oasis de bonheur, vouée peu à peu à l'asphyxie d'un intenable isolement. Le film est un hymne fervent à la jeunesse des coeurs et à la magnificence du monde.
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