Winspeare, dans un récit linéaire, décrit l'amour impossible entre une jeune fille que son père a promise au fils d'un riche propriétaire et un jeune aviateur italo-américain dont l'appareil s'écrase dans les Pouilles en 1943. L'aviateur découvre le poids de ses racines et de sa culture ancestrale mais demeure fondamentalement étranger à la communauté villageoise. Comme dans une tragédie antique, la mort et le désespoir sont inéluctables. Dans ce monde paysan où la vie est scandée par les travaux et les jours, la danse éclate comme une libération avec ses mouvements élégants qui suggèrent les élans du coeur. La "pizzica" est d'abord une danse rythmée qui accompagne les fêtes et qui, comme dans toute société traditionnelle où le flirt est interdit, permet aux jeunes gens de s'effleurer et d'exprimer une approche amoureuse, exutoire d'une relation sexuelle : la fille brandit un petit mouchoir brodé, symbole de la virginité, tandis que le garçon exprime par ses pas et les mouvements de son corps une possession sexuelle vécue comme un fantasme. Lorsque l'aviateur aura été poignardé par son rival, il ne restera à la malheureuse qu'à basculer dans la souffrance et à sentir monter en elle le venin de la tarentule. Envahi de soubresauts son corps s'abîme dans les transes de la tarentelle. Winspeare retrouve les formes simples d'une mise en scène classique, aux éclairages travaillés, aux poses hiératiques, aux décors dépouillés d'ocres et de blancs, et aux robes et costumes noirs.
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