Avec Sangue vivo, Edoardo Winspeare met en scène un conflit entre frères rivaux victimes d'une incompréhension réciproque. Tourné dans un village du Salento, à l'extrême Sud des Pouilles, le film déroule son drame dans la culpabilité d'un homme qui se sent faussement responsable de la mort de son père et cherche en vain à apaiser sa conscience. Le mal -lié à cette mort sans doute accidentelle- s'est insinué entre les frères qui ne parviennent plus à communiquer et qui ont rompu leur partenariat musical. Tous deux jouaient autrefois du tambourin dans un groupe de musique traditionnelle, ces morceaux exécutés par un violon, une guitare, un accordéon, et surtout des tambourins battus des doigts et du poignet. La "pizzica" rythmée et les complaintes douloureuses (des polyphonies chantées par les femmes) alternent dans un jeu de sonorités lancinantes. Une transe collective s'installe chez les danseurs, emporté par la musique ou plongés dans le recueillement d'un chant qui exprime les souffrances de l'âme. Sans s'attarder sur les actions violentes, Winspeare s'attache surtout aux relations entre les personnages, aux affrontements et aux affections. Ce film devrait plaire à ceux qui s'intéressent aux cultures régionales, ici en l'occurrence ce Sud italien longtemps considéré comme arriéré.
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