CRITIQUE DVD

En voulant dépoussiérer le personnage fétiche de Sir Arthur Conan Doyle, Guy Ritchie et le très charismatique Robert Downey Jr n'allaient-ils pas trop hollywoodiser ce Sherlock Holmes ?

L’ambiance brumeuse et cette calèche déboulant dans ces ruelles tortueuses semblent coller parfaitement à l’ambiance préférée de son auteur. Mais très vite, l’atmosphère londonienne fait place à l’action, notre Iron-Man du 19ème siècle démontre que certains arts de combat ne lui sont pas étrangers. Après un cours chirurgical sur les points vitaux, disséqué de voix de maître et que n‘aurait pas renié ce cher docteur House, le pugilat organique savamment mis en image, frisant même le bullet-time donne d’emblée le ton. Il n’est pas question dans les moments chauds de triturer la pipe légendaire, le réalisateur a bien l’intention de mettre un peu de rythme dans cette énième adaptation cinématographique.
Le couple Robert Downey Jr - Jude Law tient la route, alternant la complicité dans les situations extrêmes, le Dr Watson ne rechigne pas à corriger son vieil ami dans ses moments indélicats. L’analyse du comportement humain colle toujours autant au personnage légendaire, son pragmatisme nous vaut un cours final d’une rationalité exemplaire et jubilatoire, mais alors tous les ingrédients sont-ils au rendez-vous pour le spectacle parfait ?

Dans cette mécanique qui se veut d’une précision redoutable, pointent hélas les travers d’une machinerie trop enclin à respecter un cahier des charges. A trop moderniser et vouloir ratisser large, l’intrigue perd de sa saveur et de son originalité. Ce diable d‘Holmes semblant plus obsédé à faire capoter le mariage de son ami qu’à résoudre l’énigme résume parfaitement le côté trop futile de l’œuvre. Heureusement l’interprétation savoureuse et un rien féroce efface quelque peu certains effets racoleurs et inutiles.
Robert Downey Jr cabotine à souhait, on s’attend par moment à ce qu’il adresse un clin d’œil à la caméra, on ne pourra pas lui reprocher dans tous les cas d’entretenir et d’assumer l’ego surdimensionné du personnage. Jude Law résiste de la plus belle des manières face à cet égocentrique d’ami par un jeu plus subtil et parfaitement complémentaire, les seconds rôles, Rachel Mc Adams et Mark Strong amènent également une certaine plus-value au casting.

Au final le spectacle proposé remplit honnêtement les conditions du divertissement familial, à condition de préférer les facéties de son héros plutôt que son intrigue, pas sûr que les inconditionnels de Basil Rathbone apprécient cette vampirisation. Dans tous les cas le gros succès mondial laisse peu de doutes quant à une suite commerciale, élémentaire….

La version SD m'avait laissé sur ma faim surtout pour une copie aussi récente, ici le Blu-ray avec son encodage en VC1 efface toutes les réserves en surclassant à tous les niveaux la version SD. Les contours sont fantastiques de précision, aucun détail ne nous échappe, on peut compter les poils de barbe de Robert Downey Jr et l'ensemble rend un bel hommage à la photographie. Le grain est certes bien visible, surtout sur LCD, mais cela ne nuit nullement à l'œuvre. Le contraste, les couleurs volontairement désaturées, la compression discrète, tout concourt à une copie de premier ordre.

Le tristounet DD à 448 Kbps avait de quoi nous interpeller pour sa VF, nos craintes s'envolent partiellement grâce à une mixage qui fait preuve d'un bon dynamisme et surtout d'un excellent doublage. On se pose toujours cette question, pourquoi rechigner au DTS-HD d'autant que le disque ne fait même pas les 40GO. La VO remporte forcément la mise avec des effets tonitruants sur les surrounds et le caisson.

On dispose du système Maximum Movie Mode (2'11'41), les fans d'interactivité apprécieront ces petites lucarnes et l'intervention du réalisateur, on est ainsi au cœur du projet, on peut également aller directement sur les Point Focus (31'17). Le dernier bonus "Sherlock Holmes réinventé" (14'06) fait beaucoup plus figure de promotion.
La différence technique significative et l'apport des bonus permettent de n'avoir aucune hésitation pour choisir le Blu-ray à la version SD.

Cette version belge efface bizarrement le docteur Watson, caressant dans le sens du poil l'égo de ce cher Holmes, cela dit l'esthétique est quand même au rendez-vous. La sérigraphie reprend la même image mais l'apport des logos grossiers de couleur défigure complètement l'ensemble.

• Liste des autres critiques de ce film

• Liste des autres critiques de montana62

• Critiquer ce film