Réalisé par deux jeunes frères espagnols, ce "Infectés" ne va pas comme on pourrait le croire se contenter de nous livrer une Nième version de "28 jours plus tard" pour au contraire se concentrer sur ses personnages et leurs réactions dans un milieu hostile loin de toute attaque de morts-vivants rapides ou autres "infectés", et même si l'intrigue demeurera assez classique, l'empathie arrivera à gagner le spectateur.
Le script va laisser deux frères et leurs amies essayer de gagner une plage, seul refuge dans un monde gangrené par un virus contagieux ayant décimé une bonne partie de l'humanité.
Le métrage ne va pas s'embarrasser d'un quelconque retour sur l'origine de l'infection pour directement avancer ses protagonistes que nous découvrirons dans une situation classique, normale, comme s'ils se rendaient en voiture vers un week-end au bord de la mer mais peu à peu, des éléments des dialogues confinant à une présentation des quatre occupants du véhicule vont nous faire découvrir la sinistre vérité, ces quatre individus sillonnent les routes vers la plage où ils passaient leurs vacances étant enfants et adolescents, seul havre de paix espéré dans un monde détruit par un virus contagieux ayant réduit à néant une bonne part de l'humanité.
C'est ainsi que nous allons découvrir Brian et son frère Danny, bobby, la petite amie de Brian et Kate, une amie de Danny, pour tout de suite imposer Brian comme leader d'un petit groupe dont il a établi des règles à ne pas transgresser pour espérer pouvoir atteindre leur but, comme ne pas approcher les infectés et considérant les malades comme déjà morts, avançant ainsi de fait un certain individualisme qui ne fera que se confirmer par la suite.
Les quatre personnages vont pourtant bientôt devoir violer ces règles lorsque, en voulant éviter une voiture stationnée au milieu de la route dont le principal occupant, Frank, leur demandera de l'essence et les captivant jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que Frank transporte une enfant infectée, leur voiture va subir une avarie les obligeant à l'abandonner pour retourner sur leurs pas à pied et contraindre à accepter de voyager avec Frank et sa fille malade, tout en prenant bien garde de créer une sorte de cordon sanitaire entre eux et la petite fille malade, pour alors tenter de se rendre vers un hypothétique lieu où un sérum arriverait à guérir de l'infection.
Tout en proposant quelques passages assez graphiques, le métrage va surtout s'intéresser à la psychologie des différents personnages, opposant ainsi Brian à son frère Danny qui sera bien plus humaniste, tout comme ce père ne voulant que sauver sa fille atteinte de l'infection pour alors imposer des choix de conscience aux protagonistes et forçant ainsi le spectateur à se mettre à la place de chacun pour jauger de ses propres réactions dans pareil situation pour des choix douloureux souvent dictés par l'instinct de survie qui vont émailler le métrage, tandis que l'action pure se fera quand même plus rare et hélas régulièrement classique et prévisible (la mauvaise rencontre au club de golf, par exemple, qui n'apportera au final que peu de choses au métrage), pour progressivement imposer une réalité guère recommandable sur la nature humaine au travers des sacrifices que vont devoir faire les personnages pour rester dans le chemin qu'ils se sont tracé, le tout avec des variantes selon la nature de chacun pour rendre par exemple Brian peu fréquentables malgré une certaine justesse et une conduite dictée par sa volonté farouche de s'en sortir coûte que coûte quitte à tuer ou à abandonner les infectés sans ménagement et sans aucune pitié, chose qu'aura bien plus de mal à faire les autres, ce qui ne sera pas sans conséquences prouvant également que chaque acte peut avoir des conséquences désastreuses.
Les deux réalisateurs vont réussir à imposer les personnages grâce à un naturel jamais démenti et dépourvu de tout stéréotype nuisible pour au contraire laisser des actions et réactions bien humaines jalonner les situations et même surprendre parfois devant la froideur exigée, tout en jouant quand même sporadiquement la carte graphique en n'hésitant pas à avancer ces infectés répugnants au bord de la mort mais qui jamais ne se montreront dangereux ou même véritablement menaçants puisque mourant d'une maladie les diminuant physiquement au lieu de les rendre agressifs comme dans bon nombre de titres ayant surfé sur le succès de "28 jours plus tard".
L'interprétation est convaincante, porté par Chris Pine dans le rôle de Brian, tandis que la mise en scène des deux réalisateurs est efficace pour nous permettre de bien sonder les personnages, tout en pouvant s'appuyer sur des décors et une photographie remarquables. Les effets spéciaux sont probants pour quelques petits plans gore et pour maquiller de manière volontaire les infectés.
Donc, ce "Infectés" ne proposera certes à la base qu'une intrigue assez classique, mais tout en arrivant à bien immerger le spectateur dans l'action grâce à des personnages naturels et dont nous appréhendons les réactions avec un intérêt réel !
|