A l'origine de SHINING était un roman de Stephen King racontant l'histoire d'un écrivain raté et alcoolique qui prenait un emploi de gardien d'hôtel en compagnie de sa femme et de son fils. Progressivement, le personnage du père se laissait posséder par les esprits malfaisants hantants le fameux hôtel. Le roman, bien que très correctement rédigé, n'aurait jamais laissé supposer qu'un véritable chef-d'oeuvre d'épouvante allait en être tiré. A partir de cet épais roman, Stanley Kubrick livre un film reprenant les meilleurs passages du livre mais en les adaptant à son style bien spécifique. Exit donc, les buissons vivants, les problèmes de couple de Jack et Wendy et la chaudière qui menace d'exploser et place à la folie quasi-immédiate de Jack et au fameux labyrinthe...
LA folie, incarnée par Jack Nicholson. De toutes les prestations hautes en couleurs de l'acteur, celle de Jack Torrance restera sans doute comme étant une des plus mémorables. Nicholson en fait des tonnes dans ce rôle d'un type déjà pas très équilibré mais également possédé par les lieux. A ses cotés, sa femme Wendy. Véritable cruche à l'écran, Wendy est interprétée par Shelley Duvall. Cette dernière avait d'ailleurs reconnu qu'elle en avait bavé sur le tournage car elle fût maltraitée, même par Kubrick afin de la plonger dans un état de détresse et d'épuisement, nécessaire au personnage et au film. Mentionnons également l'étonnant Danny Lloyd dans le rôle du jeune Danny. Le jeune garçon ne fit pas de carrière au cinéma et est aujourd'hui professeur de biologie. La légende veut que Kubrick ai réussi à lui faire tourner ses scènes sans que le jeune garçon de six ans sache qu'il tournait un film d'horreur.... Pourtant, il s'en passe des horreurs dans ce lieu maudit.
Le lieu en question c'est donc l'hôtel Hoverlook, perdu en haut des montagnes du colorado et de plus, coupé de toutes communications avec le monde extérieur durant l'hiver. Un hiver long et froid, un hiver qui va progressivement prendre des allures de cauchemar. Isolée du monde extérieur, la famille Torrance va peu à peu comprendre qu'il se passe des choses étranges dans cet hôtel sans vie. La solitude, l'isolement, n'est-ce pas ce qui a poussé le précédent gardien à assassiner sa famille puis à se donner la mort ensuite? Toujours est-il que le jeune Danny Torrance, doué d'un don de vision particulier, va ressentir la menace que représente l'hôtel. Sa mère le comprend aussi mais pas son père qui commence à se sentir lié d'une manière ou d'une autre à cet hôtel et à ses occupants, passés, présents et futurs...
N'ayons pas peur des mots : SHINING est un chef d'oeuvre absolu, le genre de film qui vous fiche la trouille du début à la fin. Tout se déroule en plein jour, à l'intérieur même de l'hôtel. Et pourtant, la terreur est absolue, le malaise omniprésent. Les visions d'horreur de Danny, l'apparition des spectres menaçants, la folie grandissante de Jack, tout est là pour nous plonger dans une angoisse totale et ce, dès le générique d'ouverture.
La réalisation de Stanley Kubrick est d'une précision absolue, rien n'est laissé au hasard (comme d'habitude) afin de nous proposer ce que certains n'hésiteront pas à qualifier de meilleur film d'horreur jamais tourné. C'est peut-être vrai... Nous avons ainsi droit à un usage très important de la steadicam, chose peu fréquente à l'époque. Cela donne une incroyable sensation de fluiditée lors des scènes se déroulant dans les couloirs de l'Overlook ou encore lors de la séquence finale dans le labyrinthe enneigé. Kubrick s'est totalement approprié le roman de King pour en faire son histoire à lui, malgré ses nombreuses "trahisons" par rapport au matériau original. Mais cela donne une pièce maitresse du cinéma, tous genres confondus.
Précisons qu'il existe une version américaine du film, uniquement disponible en import et rallongée de 25 minutes environ. Nous pouvons y découvrir des séquences supplémentaires telles que l'entrevue du début quelque peu rallongée, la visite d'un médecin chez les Torrance au début du film, la participation plus importante du personnage de Halloran lorsqu'il tente de rejoindre l'hôtel ou bien des plans supplémentaires lors du climax final. Difficile de dire quelle est la meilleure version du film car les deux se valent, le film n'en étant pas vraiment modifié.
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