Première aventure de l’un des personnages mythiques du western spaghetti, ce "Sabata" (du nom de son personnage principal) va allier action et humour à la perfection au sein d'une intrigue entièrement vouée aux rebondissements souvent imprévisibles et mettant forcément en valeur ce Sabata aussi agile de la gâchette qu'impeccable en gentleman à l'identité incertaine comme le confirmera la dernière séquence du métrage.
Le script va laisser arriver dans la petite ville de Daugherty un homme qui va déjouer un casse dans une banque en ramenant le coffre-fort dérobé pour ensuite faire chanter les vrais commanditaires qui vont bien entendu chercher à le tuer, le tout en liaison avec l'achat de terrain censés prendre de la valeur avec l'arrivée du chemin de fer.
Dans son introduction, le métrage va suivre conjointement l'arrivé dans la ville de Daugherty d'un homme élégant qui n'hésitera pas à prendre en pitié un mexicain sans le sou pour ensuite déjouer un jeu de dés truqué au saloon tandis que pendant ce temps-là des hors-la-loi professionnels vont préparer le casse d'une banque dont le coffre contient 100.000 dollars, quitte à tuer les soldats en poste pour garder cet argent appartenant à l'armée et à utiliser des moyens audacieux et bien pensés pour arriver à leur fin.
Cette entame du métrage placera d'entrée le personnage principal, Sabata, comme un homme juste et bon, as de la gâchette comme il le démontrera de manière souriante face à un homme du saloon qui finira la tête dans son assiette, ou plus loin lorsque, armé d'une Winchester rallongée lui permettant de tirer plus loin, il descendra les bandits ayant dérobé le coffre pour le ramener en ville et ainsi passer pour un héros. Mais cette personnalité juste sera quand même écornée lorsque va apparaître un protagoniste haut en couleurs, Banjo (surnom donné à cet homme du fait qu'il passe son temps à jouer de cet instrument), qui semblera bien connaître Sabata et sera étonné qu'il a rendu le coffre. Ce Banjo va par ailleurs orienter Sabata vers les vrais commanditaires du casse, le juge de la ville, le patron du saloon et Stengel, un intellectuel ambigu et vicieux vivant dans un décor gothique.
Sabata va essayer de faire chanter les trois hommes contre son silence sur leur implication dans le casse, mais bien entendu ceux-ci et notamment Stengel vont refuser de payer pour préférer essayer de se débarrasser de Sabata par tous les moyens possibles. Mais heureusement Sabata pourra compter sur l'aide de Carrincha, le mexicain pris en pitié qui va se révéler être un lanceur de couteau hors pair, mais il aura aussi comme compagnon dans sa lutte un indien d'une agilité extrême surnommé "Le singe".
L'intrigue va donc accumuler les rebondissements chargés en action et même parfois en suspense pour suivre les déboires des adversaires de Sabata qui échoueront tous dans leur mission grâce aux stratagèmes de ce dernier ou grâce à la complicité de ses nouveaux amis, pour laisser ce Banjo continuer à jouer un rôle trouble et ambigu en semblant bien informé de ce qui se passe et en étant toujours non loin des traquenards fomentés contre Sabata.
Cela va créer une dynamique jamais faiblissante qui portera littéralement le métrage de situation en situation avec toujours une bonne humeur palpable et un goût prononcé pour essayer de surprendre le spectateur avec des gadgets et autres tours qui vont sauver la mise de Sabata dans toutes les situations, offrant ainsi quelques surprises appréciables, et ce même si certaines situations demeureront largement prévisibles (le final notamment).
Évidemment le métrage comportera son lot de violence avec de multiples fusillades qui ne seront par contre jamais sanglante, mais également des duels entre personnages (même si celui du dernier acte sera quand même décevant et étonnamment vite expédié), ainsi qu'une attaque très volontaire de la maison de Stengel par Sabata et ses complices pour ainsi avancer de nombreuses explosions en plus des fusillades d'usage. Les personnages seront bien travaillés pour, en plus d'avancer ce Sabata énigmatique et d'une élégance parfaite même dans l'action, développer toute une galerie de seconds rôles probants, entre ce mexicain gouailleur et ce Stengel, tête pensante du casse étrange et malsain, sans bien entendu oublier Banjo, personnage surprenant aussi bien dans son accoutrement que dans ses actions pour par exemple nous livrer une des bonnes surprises du film en matière de gadget.
L'interprétation sera largement à la hauteur puisque nous retrouverons un Lee Van Cleef impeccable pour incarner Sabata, aussi un toujours brillant William Berger dans le rôle de Banjo ou encore Franco Ressel excellent pour jouer Stengel. La mise en scène de Gianfranco Parolini est adaptée et efficace pour même s'offrir quelques plans stylisés et devenant étonnant (lors de la séquence de l'église par exemple).
Donc, ce "Sabata" sera un très sympathique western spaghetti porté par une action sans cesse renouvelée et une interprétation donnant une certaine ampleur à l'ensemble du métrage !
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