Film québécois très dur sans pour autant verser dans le "torture porn" comme on pouvait le penser au premier abord, ce "Les 7 jours du Talion" va aborder un sujet bien difficile sans pour autant porter de jugement, laissant du coup le spectateur seul face à sa conscience à l'issue d'une œuvre qui aura largement de quoi secouer (en étant quand même parfois sévèrement graphique), interroger et troubler.
Le script va laisser le père d'une fillette retrouvée morte après avoir été violée kidnapper l'assassin présumé et lui faire subir pendant sept jours les pires tortures.
Dès sa courte séquence d'introduction avançant un homme affalé dans un canapé regardant un boucle une femme se faire tuer lors d'un braquage, le métrage va annoncer la couleur d'un pessimisme ambiant qui ne tardera pas par la suite à s'installer après cette rapide présentation de la famille Hamel dont le père,Bruno, chirurgien, fatigué après une intervention difficile préférera aller se reposer plutôt que d'emmener sa fille Jasmine à l'école, tandis que la mère restera avec son mari pour lui faire un petit câlin rapide avant d'aller à son propre travail. L'intrigue ne traînera pas pour nous faire craindre le pire à juste titre puisque la petite Jasmine aura bien et bien disparu et sera retrouvée morte, violée peu de temps après lors d'une séquence terrible, bouleversante en nous montrant tout franchement et sans fard.
L'assassin sera également rapidement identifié et arrêté, un récidiviste qui semblera bien sûr de lui et presque hautain lors de son arrestation comme les images du journal télévisé le montreront aux parents de la petite Jasmine et ce sera peut-être cela qui va pousser Bruno à fomenter un plan radical, kidnapper l'assassin et l'enfermer dans un chalet aussi isolé qu'abandonné. Ce plan fonctionnera forcément tout en réussissant à installer quand même un minimum de suspense.
Le métrage pourra alors véritablement rentrer dans le vif du sujet avec cette confrontation directe entre l'assassin et la père de sa victime pour non pas nous infliger un catalogue de tortures gores, mais plutôt avancer une thématique psychologique aussi forte que troublante et dérangeante, questionnant le spectateur sur sa réaction devant une telle possibilité de se venger. Et ce sera sans donner de réponse que l'auteur nous laissera perplexe, même si le dernier plan du film pourra continuer à hanter le spectateur avec les dernières paroles de ce Bruno qui aura quand même auparavant fait preuve d'une brutalité de moins en moins maîtrisée face au violeur d'enfants pour ainsi agrémenter le métrage de passages très durs (les coups de chaîne notamment), violents et quand même sanglants, mais sans chercher à verser dans la surenchère pour même éluder certains sévices dont nous ne verrons que le résultat sur le corps meurtri du violeur.
Dans ce contexte, chacun réagira différemment face à ce violeur sinistre qui va morfler pendant toute sa séquestration de manière extrême, la pitié pour un tel être n'étant pas du tout pressentie par le réalisateur alors que ses souffrances seront quand même terribles, mais en même temps rien ne viendra condamner l'auteur des tortures, ce père qui va perdre peu à peu pied sur son plan jusqu'à sombrer, le réalisateur arrivant alors à nous délivrer une séquence émotionnellement forte (la baignoire) qui viendra en partie justifier les dernières paroles de Bruno.
Le sujet du métrage en lui-même ne sera pas facile à traiter sans risquer de choquer et de perturber certains car sans prôner le vengeance et cette loi du Talion certains parallèles avec le policier responsable de l'enquête viendront encore faire douter. Car en effet, pour se donner quelques bouffées d'oxygène et sortir de ce huit-clos entre Bruno et la violeur de sa fille, l'intrigue va s'attacher partiellement à suivre l'enquête policière menée par un inspecteur dont le femme a été tuée peu de temps auparavant, pour ce qui restera quand même la partie la moins percutante du métrage, et ce même si cela viendra donner de la consistance à l'intrigue globale et permettre au réalisateur d'approfondir son sujet.
L'interprétation est exemplaire, avec un Claude Legault parfait pour incarner Bruno, tandis que Martin Dubreuil livrera ici une performance physique remarquable dans le rôle difficile du violeur.
La mise en scène du réalisateur est largement efficace pour donner un ton naturaliste à l'ensemble, sentiment encore renforcé par l'absence de partition musicale durant toute l'intrigue. Les effets spéciaux sont probants, graphiques sans être expansifs, réalistes et douloureux.
Donc, ce "Les 7 jours du Talion" restera une œuvre-choc, troublante et questionnante et qui ne sera pas toujours facile à regarder pour tout le monde avec son caractère cru !
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