Malgré des ressemblances frappantes avec la saga des "Saw", ce "Nine dead" ne va pas verser dans le "torture flick" basique et gore pour au contraire rechercher avec une efficacité certaine une dimension psychologique basée sur la rédemption, parvenant immédiatement à créer un suspense qui ne désenflera pas jusqu'à la résolution finale de l'intrigue.
Le script va enfermer neuf personnes d'horizons radicalement différents et les laisser à la merci d'un homme masqué les ayant kidnappé et qui va leur promettre de les tuer un par un toutes les dix minutes s'ils ne trouvent pas pourquoi ils sont là.
Le métrage va tout de suite lancer son action en suivant ce mystérieux individu masqué (même quand il est seul, mais faut bien préserver le suspense…) se préparant à l'enlèvement de quelques individus complètement différents, entre ce patron d'une boîte à strip-tease ou encore cet homme sortant d'un fast-food, sans oublier cette femme téléphonant dans un parking alors que la nouvelle des enlèvements commencera à se répandre sans que cela n'empêche notre homme de réussir à ses coups puisqu'il réussira à enlever neufs personnes qu'il va rassembler et attacher, la tête recouverte d'un sac noir, dans une pièce anonyme avant leur ôter leurs cagoules et le scotch les bâillonnant, pour alors leur annoncer les règles du jeu, à savoir que s'ils veulent sortir vivant de cette pièce, ils doivent trouver pourquoi ils sont là.
C'est ainsi que nous allons découvrir ces neufs individus, une avocate, un prêtre, le patron de cette boîte à strip-tease, un policier qui gardera sa véritable identité cachée quelques temps, un ignoble pédophile, une chinoise ne parlant pas un mot de français ou d'anglais, un voyou black, un jeunot et un homme apparemment bien sous tout rapport travaillant dans la santé.
Bien entendu au départ les menaces du kidnappeur ne seront qu'à moitié prise au sérieux durant les dix premières minutes au cours desquelles presque tous les protagonistes vont se présenter et même essayer de comprendre ce qu'ils font là, plaçant déjà quelques révélations douteuses, comme celles du pédophile fier de ses actes immoraux, mais lorsque l'homme masqué va revenir et tuer l'un d'entre eux de sang-froid à l'aide d'un revolver, la tension va monter d'un cran et les huit survivants vont alors véritablement se mettre à chercher le point commun qui les aura conduit dans ce cauchemar.
Et ce sera véritablement la principale force du métrage puisque l'intrigue va nous réserver bien des surprises liant les personnages entre eux de manière parfois intimes, pour également les laisser s'égarer dans des fausses pistes tout en cherchant à comprendre certaines paroles de ceux qui auront été abattus puisque le tueur va respecter à la lettre sa promesse et toutes les dix minutes, un des personnages va effectivement être tué, laissant les autres encore plus désemparés, les poussant à raconter les pires actions de leurs vies, ce qui occasionnera quelques flash-backs permettant au réalisateur de s'évader quelque peu de cette pièce qui servira presque de décor unique au métrage.
Et étonnamment le huit-clos fonctionnera en majeure partie, basée sur les révélations des protagonistes et sur l'avancée de leur quête de vérité pour espérer rester en vie, ce qui bien sûr engendrera un manque d'action, mais la tension et la teneur des confidences de chacun fera la différence pour garder le spectateur en haleine jusqu'au dénouement final bien trouvé, simple mais sans être simpliste et justifiant amplement la présence de chacun dans cet enfer dont personne ne sortira indemne, la mort et une rédemption impossible étant les seules issues fatales destinées aux neufs personnages.
L'intrigue en profitera pour se montrer quelque peu moralisatrice sur la portée de nos actes et les conséquences que cela peut engendrer, fustigeant entre autres l'arrivisme forcené de certains des personnages, mais chacun en prendra pour son grade à des niveaux différents.
Malgré une certaine ressemblance d'apparence avec les "Saw", le métrage évitera soigneusement de verser dans un quelconque aspect graphique ou gore pour privilégier la tension psychologique et surtout l'intrigue aura l'intelligence d'éviter tout twist faisandé ou retournements de situation improbable pour au contraire demeurer linéaire et suivre sa ligne directrice sans faiblir ou céder aux effets faciles.
Les personnages resteront crédibles bien que parfois stéréotypés (le black délinquant notamment) et en tout cas auront des révélations dramatiques à faire, bien que l'ensemble manquera quand même de charisme, à l'exception de ce pédophile vraiment ignoble et dégoûtant dans ses propos. L'interprétation suivra et peu d'acteurs auront une véritable présence à l'écran, mais sans que cela vienne réellement nuire à la bonne marche de l'ensemble. La mise en scène du réalisateur est fluide, cohérente et classique, tout en arrivant à garder un rythme constant, bercé par ces exécutions répétées toutes les dix minutes. Les effets spéciaux seront réussis pour quelques brefs plans sanglants jamais expansifs.
Donc, ce "Nine dead" arrivera sans mal à captiver et à embarquer son spectateur dans son intrigue tordue mais toujours crédible, et ce sans céder aux effets de mode !
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