Ce film de 1961 de Luigi Comencini est à placer parmi les plus complètes réussites de la grande tradition de la comédie italienne. L'insuccès du film à sa sortie était probablement dû à la noirceur excessive du rire. La description de la vie carcérale est prophétique; bien des films plus récents ont essayé de la montrer ainsi, mais ce réalisme impitoyable est sans cesse coloré de gags ou de répliques comiques. Manfredi fait vivre un personnage désespéré (au début on le voit simuler seul une attaque à main armée contre lui-même, mais un quidam le surprend et le dénonce), victime des circonstances. Gian Maria Volonté personnifie un Sicilien emprisonné pour crime d'honneur qui ne s'évade que pour tuer sa femme. La scène où il la retrouve passe brusquement du drame à la comédie pathétique : affamé, il se met à table et mange les "polpette", oubliant la vendetta. Parmi les évadés, Mario Adorf est le violent, pauvre diable qui trouvera son seul ami en Manfredi lequel le trahira pour pouvoir nourrir sa famille. Manfredi raconte l'histoire à la première personne, et ce commentaire off l'enrichit, tantôt émouvant,tantôt plaisant, farci de trouvailles verbales par les spécialistes Age et Scarpelli. A quand la parution en DVD de Un vrai crime d'amour, cet autre excellent film de Comencini ?
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