Premier véritable film de zombies français réalisé par deux passionnés, ce "La horde" va réussir à se montrer très généreux au sein d'une intrigue limitée pour ainsi parvenir en grande partie à faire oublier ses défauts réels mais heureusement noyés dans un ensemble volontaire, rythmé et bien saignant.
Le script va laisser quelques policiers pénétrer dans une tour de banlieue afin de vouloir venger la mort de l'un des leurs tué par des voyous, mais leur expédition punitive va se transformer en cauchemar lorsque des morts-vivants vont faire leur apparition.
Après une courte introduction servant rapidement à lancer l'intrigue avec les funérailles de Rivoallan, un policier tué et dont les collègues vont vouloir se venger comme va le comprendre la veuve du disparu, le métrage va directement s'installer dans cette banlieue délabrée pour y suivre ces quatre policiers pénétrant dans une tour presque inhabitée et servant de planque aux assassins de leur ami, et après avoir fait une rencontre pleine de clichés, ils vont arriver à destination mais rien ne va se passer comme prévu, avec un bel effet de surprise réussi, et les policiers vont se retrouver à la merci de cette bande de truands sans merci et de leur chef, Adewale.
Cette entame respectera en grande partie les codes du polar urbain pour nous tenir en haleine avec même quelques petites surprises imprévues tout en présentant des personnages quand même stéréotypés mais sans excès (comme on pouvait le craindre), tout en mettant parfaitement en avant le violence froide et sauvage de cette bande de voyous dirigée par un leader charismatique mais là non plus sans forcer le trait jusqu'à l'excès.
Mais alors que les choses semblaient vraiment mal parties pour les policiers, dont un aura été salement blessé, un événement "inattendu" va se produire avec l'apparition des premiers zombies qui d'entrée vont se ranger dans la catégories "infectés" vifs et sauvages dans leurs déplacements rapides couronnés par des cris terrifiants.
Se rendant bientôt compte qu'ils sont coincés dans cette tour, voyous et policiers vont décider de faire cause commune pour essayer de s'en sortir, mais sans pour autant que les rancoeurs soient oubliées, attisées même par certains membres de chaque clan.
Hélas, à partir de l'instauration de cette "union sacrée" contre-nature, l'intrigue va peiner quelque peu à se renouveler, suivant les protagonistes en mouvement dans l'immeuble, laissant alors craindre le pire pour la suite mais heureusement l'arrivée sur le devant de la scène d'un nouveau personnage va changer la donne avec ce René, franchouillard de base raciste, gouailleur et un brin pervers qui va apporter un humour inespéré, certes parfois légèrement lourdingue, mais le plus souvent excellent et dévastateur pour ainsi créer des situations réussies (la jambe) et auréoler le restant du film de sa présence qui viendra contrebalancer avec les états d'âme et autres rancoeurs qui paraîtront du coup plutôt fade, même si certains protagonistes réussiront à inspirer une certaine sympathie qui n'était pas gagnée d'avance.
Mais au-delà de cet aspect du métrage, l'intrigue va également se montrer très généreuse lorsqu 'il s'agira d'aborder une violence qui deviendra même carrément méchante et jusqu'au-boutiste dans des éclats sanglants plus que graphiques et foncièrement jouissifs, aussi bien pour les démastiquages en règle des zombies que lorsqu'il faudra se séparer dans le sang de certains protagonistes, faisant même preuve d'imagination lors de combats, comme lorsque l'un des personnages va lutter seul contre deux zombies de manière ultra-violente.
L'interprétation est ici plutôt probante pour caractériser ces protagonistes typés mais arrivant à avoir une vie propre au sien du film et à intéresser un minimum, et la palme reviendra aisément à Yves Pignot qui va incarner ce René délectable et dont l'humour tirera l'ensemble vers le haut. La mise en scène de yannick Dahan et de Benjamain Rocher est vive, largement dynamique pour inculquer à l'ensemble du film un rythme soutenu malgré des péripéties limités dans ce huit-clos à l'intérieur de cette tour pour en plus avoir la bonne idée de ne pas céder aux effets clippesques à la mode.
Les effets spéciaux sont foncièrement réussis pour verser dans un gore franc, graphique et toujours volontaires.
Donc, ce "La horde" restera une bonne surprise dans la vague de productions horrifiques hexagonales grâce à sa générosité dans un aspect sanglant bien présent avec même des passages mémorables et par la présence de ce personnage haut en couleur irrésistible.
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