Premier long métrage de son prometteur réalisateur anglais Lawrence Gough, ce "Salvage" va malgré la simplicité de son intrigue réussir à intriguer et à captiver grâce à une implication totale du spectateur dans le récit qui ne ménagera ni les nerfs ni les émotions.
Le script va laisser un quartier de Liverpool être envahi par l'armée suite à la présence d'une menace pour l'instant invisible. C'est dans ce contexte que Beth, une mère de famille divorcée va tenter de retrouver sa fille qui venait passer Noël chez elle et avec qui elle venait de se brouiller une nouvelle fois.
Après une courte séquence d'introduction ayant le mérite de mettre le spectateur dans le bain, le métrage va s'attacher à nous présenter de manière naturelle et vivante la jeune Jodie, en route avec son père pour Liverpool où Jodie doit passer Noël avec Beth, sa mère, ce qui ne semblera pas vraiment enchanter l'adolescente et la situation ne fera qu'empirer lorsque rendue sur place elle découvrira sa génitrice au lit avec un autre homme, Kieran. Jodie s'enfuira se réfugier chez son amie habitant la maison d'en face, laissant sa mère en plan et refusant de lui parler lorsque celle-ci ira sonner chez ces voisins.
Cette entame du métrage laissera donc s'imposer une relation mère-fille plus que délicate, sans que l'on sache encore vraiment pourquoi et le réalisateur parviendra à faire basculer en un instant les événements (tout en ayant pris soin de placer ici ou là quelques petits éléments annonciateurs) avec la brusque arrivée de soldats qui vont sans aucun ménagement abattre un homme étant sorti de chez lui un hachoir à al main et pleurant sa femme qu'il aura tué, avant d'intimer l'ordre à Beth de s'enfermer chez elle, ce qu'elle fera en compagnie de Kieran resté sur place.
Toute la première partie du film va alors nous faire vivre en même temps que les protagonistes la suite de l'affaire sans nous renseigner sur la nature de cette menace ayant mis l'armée sur le qui-vive pour laisser ce Kieran divaguer sur une éventuelle menace terroriste islamiste (l'homme abattu étant vraisemblablement de cette confession religieuse), donnant ainsi un petit air politique au métrage sans bien entendu que le spectateur ne puisse accréditer cette option. Beth et Kieran vont donc devoir à l'intérieur de leur maison mitoyenne, calfeutrés et tentant d'observer ce qui se passe dehors sans être repérés par l'omniprésence militaire tandis que Beth va vouloir aller chercher sa fille restée dans la maison d'en face.
Cette première partie va nous réserver bien des surprises parfois bien sanglantes et pousser le couple à se délocaliser avant de porter secours à un soldat blessé qui va dans un premier temps leur mentir avant de leur révéler la teneur ce cette menace que le réalisateur aura réussi à maintenir hors du champ de la caméra pour ainsi garantir un suspense et une tension palpable de tous les instants.
Mais l'intrigue va quand même laisser le temps aux protagonistes de continuer une présentation avortée par l'arrivée des militaires, renforçant ainsi considérablement l'identification du spectateur à ces personnages "normaux" au passé douloureux qui va plus tard leur imposer des choix de conscience avant de lancer une seconde partie plus classique qui va voir Beth devoir se cacher dans le quartier, toujours à la recherche de Jodie mais devant craindre aussi bien cette menace mortelle que des militaires sans pitié et faisant même preuve d'une inhumanité aussi flagrante que cruelle. Cette seconde partie, plus mouvementée et flirtant parfois avec le "survival" pur ne nous offrira que de rares surprises avant d'atteindre le final certes convenu mais douloureux, mais restera pour autant prenante et captivante, sans jamais donner l'impression de tourner en rond pour suivre Beth dans sa quête.
Le métrage pourra donc compter sur son intrigue en apparence simple mais rondement menée et surtout garantissant une tension constante tout en jouant vers son spectateur qui n'aura jamais une longueur d'avance sur les protagonistes, mais également sur une interprétation largement convaincante portée par une Neve McIntosh percutante et crédible, tandis que la mise en scène du jeune réalisateur collera à l'action sans pour autant rechercher les effets faciles pour au contraire se montrer brut et virulente. Les effets spéciaux sont probants pour verser dans un gore réaliste qui apportera une touche de réalisme.
Donc, ce "Salvage" sera une nouvelle bonne surprise en provenance d'Angleterre, confirmant si besoin en était la vitalité de son cinéma de genre avec cette intrigue impliquante, mouvementée et portée par des personnages impliquants !
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