Entre les murs, plus documentaire que film, n’a pas au départ beaucoup d’atouts pour attirer les foules. Un établissement scolaire en zone sensible pour tout décor, une bande d’adolescents black-blanc-beur désœuvrés et arrogants pour acteurs, une année de scolarité pour tout scénario.
En guise d’hors d’œuvre, les professeurs se présentent sous forme de tour de table, on a l’étrange impression d’avoir à faire à des soldats qui vont se lancer comme en 1914 dans une guerre des tranchées.
Chronique d’un massacre annoncé ?
Le « contact » avec les élèves d’emblée impressionne, le rapport de force est de suite engagé, la classe se transforme en ring, il n’est pas question d’affûté sa plume, ici chaque mot employé est lourd de conséquences, le moindre dérapage verbal est utilisé comme une arme.
Nous suivons donc un prof de français, François, prof principal de cette 4ème, qui a choisi le dialogue pour garder le contact avec les plus perturbateurs.
Enseigner, un exercice de diplomatie ?
Composer, s’adapter à l’humeur du moment semble être des qualités indispensables pour réussir à capter l’attention et provoquer l’intérêt, intérêt, voila le précieux Graal dont tout professeur rêve de conquérir.
La salle de repos sert de défouloir pour certains profs, le sentiment d’impuissance mêlé à celui du découragement règlent certains doutes aux sceptiques quant à l’implication dans ce métier.
La sanction, ultime recours ?
Face aux menaces ou insolences, notre prof de français contourne au maximum les règles imposées afin de ne pas rompre définitivement le lien avec l’élève. Les états d’âmes servent également d’ultime garde-fou, mais la sanction ne peut pas toujours être évitée, elle est le garant de l’ordre mais l’évidence de l’échec.
Respecter ce qui est respectable
L’enseignant demeure la référence mais également un humain avec ses faiblesses, les règles doivent être les mêmes pour tout le monde, les transgresser amène la sanction immédiate de la perte du respect.
Voilà l’œuvre que nous propose Laurent Cantet, nous asseoir dans sa classe d’école publique et partager les états d’âmes des professeurs et des élèves. C’est un film absolument formidable et captivant, on est tour à tour, agacé, horrifié ou charmé par ce groupe d’enfant d’un naturel formidable et admiratif et complaisant pour ce professeur remarquablement interprété par François Bégaudeau.
Il n’est pas sûr qu’après sa vision, cela suscite des vocations, mais une chose est certaine, quelle leçon !
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