8/10 Le masseur aveugle
Premier film de la série des Zatoichi. Un personnage très populaire du cinéma japonais joué par Shintaro Katsu qui interprétera 26 fois le rôle au cinéma jusqu'en 1989 (!) et plus d'une centaine de fois pour une série télé. Ce premier film avec ce masseur aveugle maniplant le katana d'une façon très particulière (selon les spécialistes en arts martiaux), eut un très grand succès au Japon à sa sortie. En cinémascope noir et blanc particulièrement soigné, on est loin d'un film de second ordre et on retrouve beaucoup d'éléments du "Garde du corps" de Kurosawa tourné l'année précédente, qui lui-même sera repris par Sergio Leone dans "Une poignée de dollars".
Takeshi Kitano fera un remake de cet épisode dans son film "Zatoichi" en 2003.
7/10 Mort ou vif
Avec ce sixième film de la série Zatoichi, on est déjà bien loin du premier pourtant réalisé à peine deux ans auparavant. Si le premier se classait dans la catégorie des A movies comme on dit aux Etats-Unis, ce dernier est déjà bien moins prestigieux dans sa facture (personnages caricaturaux, musique outrancière (limite ridicule), très mauvais bruitages (surtout dans le duel final où le bruit du galop du cheval est un vrai gag), effets de caméra pas très subtils, décors clairement en studio, etc...). On pourait comparer ce dérapage au phénomène des westerns spaghettis en Italie où il y avait Sergio Leone et les autres qui essayaient de faire pareil en voulant surrenchérir sans cesse et sans moyens.
Mais la comparaison est un peu dure tout de même, car le film n'est quand même pas si mauvais que ça. Il garde un bon scénario pleins de rebondissements qui s'apparente plus à un western qu'à un film de samouraï d'ailleurs.
7/10 Voyage meurtrier
Ce huitième épisode de la saga Zatoichi marque le retour de Kenji Misumi (auteur du premier film) à la réalisation et une sérieuse reprise en main de la franchise pour la remettre sur de bons rails. Cet épisode, qui est résolument axé grand public (la protection du bébé amenant un public plus féminin dans un genre plutôt réservé aux hommes) eut un énorme succès à sa sortie au Japon. Le succès eut pour conséquence de nombreuses séquelles de ce film dans les épisodes télévisés qui suivirent les films. Fini donc les effets de style et les personnages caricaturaux des derniers épisodes et retour à une mise en scène plus sobre, réaliste et humaine.
6/10 Voyage en enfer
Douzième film de la saga Zatoichi et le troisième mis en scène par son réalisateur originel Kenji Misumi. On sent une certaine redondance avec les épisodes précédants dans celui-ci à qui il manque une idée directrice forte. Le scénario mélangeant plusieurs intrigues semble flotter de l'une à l'autre, pour donner au final un film plus mou que d'habitude. Il n'en reste pas moins quelques belles séquences comme celle de Zatoichi cherchant la boite de médicaments égarée dans les roseaux.
8/10 Le justicier
Seizième film de la saga Zatoichi. "Le justicier" marque le début d'une nouvelle époque, Shintaro Katsu (Zatoichi) prend les rennes et devient le producteur de la franchise. Pour sa première production, il fait appel à Satsuo Yamamoto, un réalisateur chévronné et renommé au Japon (mais quasi inconnu en France), qui signe un très bon épisode marqué par un regain de violence dans les combats (giclées de sang et membres décapités en nombre). Mais montre aussi un héro fallible qui peut se faire berner, ce qui n'était pas souvent arrivé encore.
7/10 Route sanglante
Ce dix septième film de la saga Zatoichi est le quatrième réalisé par Kenji Mitsumi (auteur du premier film de la franchise). Certain le considère comme le sommet de la série et il servit de modèle pour le terrible remake américain "Blind furry" avec Rutger Hauer. Pourtant cet épisode parait bien plus classique en comparaison du précédent avec sa violence et son scénario complexe. Ici on retrouve le thème de Zatoichi protègant un enfant qui avait déjà fait l'objet de plusieurs autres épisodes. On note aussi l'apparition d'une séquence musicale incongrue au début du film (surement une "idée" du marketing de la production), mais il faut aussi signaler une très belle photographie, bien plus travaillée que d'habitude.
7/10 Le défi
Dix huitième film de la saga Zatoichi. Il est signé du deuxième père spirituel de la série, Kimiyoshi Yasuda, qui réalise ici son quatrième épisode. Presque la routine ici, Zatoichi à encore affaire à une bande de vauriens cherchent à venger un des leur. On notera la présence de Takashi Shimura, grand acteur japonais présent dans de nombreux films de Kurosawa, dans le rôle du docteur. Une réalisation westernienne très soignée.
8/10 Les tambours de la colère
Dix neuvième film de la saga Zatoichi. C'est encore Kenji Misumi qui réalise ici son cinquième épisode. Si les scénarios de la franchise ne surprennent plus et s'avèrent même répétitif d'un film sur l'autre, la mise en scène continue a nous réserver des surprises, comme des plans insolites (utilisation du cinémascope dans le sens de la hauteur) montrant que le réalisateur n'est pas du tout lasse de la série. On notera un regain d'humour dans cet épisode avec un certain nombre de gags et le personnage de Shin, un samouraï fanfaron comique.
9/10 Zatoïchi contre Yojimbo
Pour le vingtième film (en à peine 8 ans) de la saga Zatoichi, la production décide de marquer le coup en concrétisant le fantasme de milliers d'amateurs de films de samouraïs : réunir Shintaro Khazu (Zatoichi) et l'immense superstar japonaise de l'époque, Toshiro Mifune ! Ce dernier va reprendre son célèbre rôle du garde du corps (Yojimbo) de Kurosawa (qui deviendra "Pour une poignée de dollars" par Sergio Leone).
Plus d'une année de production (du jamais vu dans la série) et un film de près de 2h (contre 1h30 en moyenne). Dès les premières images, on sent que le film ne sera pas un épisode de plus dans la série. L'image est travaillée, la mise en scène soignée, Toshiro Mifune toujours aussi magistrale, mais son personnage a évolué depuis les films films de Kurosawa, même si on retrouve son esprit beau-parleur toujours prompt à exalter les pires vices de ses adversaires, son personnage a vécut et devenu bien plus amer.
Si le marketing publicitaire des productions avide d'argent facile, nous a rendu méfiant des titres mélangeant les franchises (X contre Y), voila une belle exception où vous ne serez pas déçu des promesses du film. Le film fut à l'époque un énorme succès, même à l'étranger.
8/10 Le shogun de l'ombre
21ème film sur Zatoichi et ultime épisode réalisé par Kenji Mitsumi considéré comme le meilleur réalisateur récurent de la série. Il est étonnant de voir à quel point le réalisateur continue a fourmiller d'idées de mise en scène malgré le rythme des tournages. Même dans son sixième épisode pour la franchise, certaines séquences relèvent presque du cinéma expérimental, il ose encore s'essayer à des effets (même si parfois ça ne marche pas). Est-ce à l'age d'or du cinéma érotique japonais des années 70 que nous devons cette remanescence ormonale dans cet épisode ? Sûrement. C'est d'ailleurs le premier épisode à avoir été interdit aux moins de 12 ans (et pas pour sa violence assurement). Enfin il faut signaler la musique surprenante et incroyablement moderne pour l'époque signé par un compositeur que l'on commence à peine à découvrir de nos jours en occident: Isao Tomita.
7/10 Zatoïchi contre le sabreur manchot
22ème film de Zatoichi. La série continue à s'adapter aux modes de son temps. Après un épisode surfant sur le succès des films érotiques japonais, celui-ci surfe sur un autre genre devenu à la mode au début des années 70: le film de kung-fu.
Ce duel annoncé dans le titre, reflète donc la confrontation de deux genres de cinéma qui ont pourtant pour origines communes les arts martiaux: le film de samouraï japonais (dit chambara) plutôt encré dans le réalisme historique et le film de kung-fu venu de Hong Kong, qui se libère du réalisme pour privilègier la chorégraphie faisant de ses personnages souvent des super-héros.
Un mélange qui donne l'occasion d'une belle métaphore sur la différence culturelle de ces deux peuples si proches et pourtant si différents. Le film est le cinquième épisode signé par Kimiyoshi Yasuda, mais qui reste encore une fois encré dans au schéma récurent de la série, où Zatoichi doit (encore) s'occuper d'un enfant orphelin. Il est d'ailleurs surprenant de constater que le film se finit bizarement sans que l'on sache ce qu'il est devenu ce petit...
6/10 Voyage à Shiobara
23ème film de Zatoichi. Après le relent créatif des derniers films de la série, on semble être retombé dans la routine de production à la chaine. Le scénario se répète encore et encore (Zatoichi hérite à nouveau d'un enfant à protèger et se retrouve encore victime de malentendus). Rien de neuf dans cet épisode signé Kazuo Mori, un autre habitué qui signe ici son troisième Zatoichi. Le scénario en semble même bâclé avec un dernier duel expédié en 10 secondes. On notera tout de même l'étonnante musique psychédélique signé Kunihiko Murai, largement inspiré des premiers albums de Pink Floyd.
8/10 La blessure
Avec ce 24ème film de Zatoichi, Shintaro Katsu (interprète du rôle principale et qui produit la série depuis 5 ans) passe lui-même derrière la caméra. Et il s'en tire particulièrement bien, signant un film très stylisé dans l'esprit des films américains des années 70, avec encore une fois une musique jazzy très moderne. Mais le film se distingue aussi par une fin particulièrement violente, qui vaudra à cet épisode la deuxième restriction d'age minimale depuis le début de la série.
7/10 Retour au pays natal
Sixième et dernier épisode de Zatoichi réalisé par Kimiyoshi Yasuda et 25ème film de la série en à peine 11 ans. On apprend un peu plus sur la jeunesse de Zatoichi dans ce film où le réalisateur s'est laissé aller à un regain de violence qu'il s'était refusé dans ses autres films. Un épisode assez commun qui ne marque pas beaucoup les esprits où le masseur aveugle libère son village natal du joug d'un de ses ami d'enfance.
Ce sera le dernier film de la franchise au cinéma avant un ultime film inattendu tourné 16 ans plus tard (!) et réalisé par Shintaro Katsu lui-même. Mais pour l'heure, le fillon n'est pas encore tari, puisque Katsu producteur a décidé de passer au petit écran en déclinant son personnage en une série qui comptera encore 100 épisodes ! Avis aux amateurs.
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